Algérie

Un événement compromis



Un événement compromis
Le compte à rebours a commencé à CirtaQui veut offrir en spectacle la ville du roi Massinissa, du vénérable Cheikh Benbadis' Qui veut ridiculiser l'antique Cirta'On s'attendait à une manifestation majestueuse digne de la grandeur de cette ville millénaire, une gestion impeccable, une bonne répartition des rôles, un timing réglé comme une horloge suisse et une transparence dans l'utilisation des budgets en ces temps d'austérité, on nous a servi tout le contraire.A la place du festin promis, les convives auront droit au menu fretin. Retenue en décembre 2012, pour abriter la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», la ville des Ponts suspendus est restée toujours en chantier et la ministre de la Culture, Nadia Labidi risque de rater lamentablement ce challenge. Car telle qu'elle a été entamée, la manifestation sera un véritable naufrage. Ce ne sont pas des programmes, des guest- stars, des nouveautés dont on parle à moins de deux mois de l'ouverture officielle de cette manifestation. Une démission en fanfare du chef du département communication et porte-parole officielle de la manifestation Faouzia Souici, donne un avant goût -amer de la manif. Mme Souici parle de passations douteuses de marchés, de corruption, de dilapidation de deniers publics. Plus grave encore, elle soutient que «cette prédation a été organisée à Alger» où «de nombreux marchés de communication, transport, organisation de spectacles, financement de livres, de films... ont été accordés il y a déjà une année». Comment se fait-il alors qu'on parle d'un manque de temps dans la réalisation des infrastructures, si la distribution des marchés s'est faite il y a une année' A qui allons-nous imputer le désastre qui est en train de se mettre en place' Aux caprices de la météo' Loin s'en faut, il s'agit d'abord d'une mauvaise gestion et d'un désastre de gouvernance.Nombreux sont les observateurs qui imputent cette responsabilité à la ministre de la Culture. «Mme Labidi est responsable! C'est elle qui a gaffé dans cette affaire», insistent-ils lui reprochant son laxisme inexpliqué, son manque d'enthousiasme et sa manière débonnaire de gérer le dossier. Ils rappellent à juste titre comment l'ancienne ministre de la Culture Khalida Toumi a croisé le fer avec le wali d'Oran et le ministre des Finances quand elle a eu à gérer «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Au four et au moulin, présente sur le terrain, elle défendait son projet avec hargne au point d'agacer les médias qui l'accusaient alors d'en faire trop «pour plaire». «A supposer que Khalida Toumi ait échoué dans son projet, ce qui est loin d'être le cas, nous n'avons pas le droit de rééditer les mêmes erreurs», reprochent encore les observateurs. Est-ce un problème d'argent' L'Etat s'est montré généreux en débloquant un budget d'environ 500 millions d'euros pour l'événement.La ministre elle-même a démenti tout retard dans le versement du budget alloué à la manifestation. En effet, une première enveloppe de 4 milliards de DA a été versée et la seconde d'un montant de 6 milliards sera affectée pendant le déroulement de l'événement. Des dizaines de pays arabes participeront à cette manifestation comme le Liban, l'Egypte, le Maroc, la Tunisie,... Ils se présenteront chacun avec sa culture et son théâtre, son cinéma, son art culinaire et autres savoir- faire. Avons-nous le droit de nous ridiculiser devant ces pays qui sont loin d'avoir la profondeur culturelle de Constantine' Qui veut offrir en spectacle la ville du roi Massinissa, du vénérable Cheikh Benbadis' Qui veut ridiculiser Cirta et son patrimoine culturel' Pourtant, Constantine qui a tant souffert de l'oubli et de la marginalisation a une opportunité inespérée pour s'offrir un beau lifting, en tirer profit aux plans économique et social, de cet événement.L'échec de cette manifestation ne sera pas uniquement un revers de l'organisation mais c'est une manière de violer la mémoire d'une ville millénaire.




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