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Un Européen à Matignon



Un Européen à Matignon
Dans la carrière politique, le nouveau Premier ministre français a passé plus de temps à Bruxelles qu'à Paris. Commissaire européen, négociateur en chef de l'UE pour le Brexit,
Michel Barnier a fait le tour de toutes les capitales européennes. Et l'un des premiers dossiers sur son bureau de Matignon, ce sera la procédure de déficit excessif ouverte par l'UE contre la France. Le Premier ministre va devoir batailler avec Bruxelles et en particulier avec l'institution dont il est issu, la Commission européenne. Egalement au menu des Informés de l'Europe : la rentrée de la Commission européenne. Ursula von der Leyen a été reconduite pour un second mandat de présidente de la Commission par les chefs d'Etat des 27 puis par un vote du Parlement européen. Elle a constitué cet été son équipe de commissaires européens, ce qu'on appelle le «collège», le gouvernement européen. Le nouveau Premier ministre recevra ainsi Edouard Philippe, Laurent Marcangeli et Claude Malhuret dès dimance matin. Samedi, il a rencontré l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne puis la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Il assure aussi qu'il fera une déclaration de politique générale «début octobre». Le nouveau Premier ministre a pris la parole lors d'un point-presse, à l'issue de son premier déplacement officiel à l'hôpital Necker, dans le 15e arrondissement de Paris. Et qu'un gouvernement serait nommé «dans les prochains jours». Les dossiers chauds qui l' attendent sur l'environnement
Baisse des émissions de gaz à effet de serre, politique énergétique, adaptation à la crise climatique… Michel Barnier va devoir se prononcer sur de nombreuses questions restées en suspens depuis plusieurs mois. Il a promis pendant la passation jeudi 5 septembre à Matignon de dire «la vérité» sur la « dette écologique qui pèse lourdement sur les épaules de nos enfants ». Et c'est bien l'un des gros dossiers qui attend Michel Barnier à Matignon : l'environnement. Avec de nombreuses questions restées en suspens depuis des mois. Quatre déclarations vérifiées
À commencer par une interrogation cruciale sur l'avenir pour la politique énergétique de la France. Il va falloir lever le flou qui règne depuis des mois et détailler la programmation pluriannuelle de l'énergie. Plus d'un an de retard. Elle doit définir l'ensemble de la stratégie française sur sa production d'électricité. Sur ce point, Michel Barnier et Emmanuel Macron semblent alignés, l'un comme l'autre militent pour le nucléaire, «avantage souverain», disait en 2021 le nouveau Premier ministre. Autre gros dossier au programme, la stratégie nationale bas carbone, pour détailler la manière dont la France réduira ses émissions de gaz à effet de serre : rénovation des bâtiments, carbonatation de l'industrie, déploiement de la voiture électrique, captage du CO2… autant de filières à adapter voire à créer dans un délai court. Objectif : moitié moins d'émissions d'ici 2030. Défavorable à toute écologie «punitive»
Enfin, que faire du plan national d'adaptation au dérèglement climatique, à l'ambition inédite ? Il est prêt, en attente de publication, «sur la table» de Michel Barnier, disait jeudi Gabriel Attal à son successeur, là aussi de nombreux défis à relever : de l'érosion du littoral aux vagues de chaleur… ce plan doit lancer l'adaptation de la France à un réchauffement de 4 degrés d'ici la fin du siècle. Il se dit défavorable à toute écologie «punitive», il l'a dit et répété, notamment dans une tribune dans Le Monde, en 2023. Michel Barnier critique la politique environnementale de l'Union européenne : interdiction des voitures thermiques neuves en 2035, réduction de moitié des pesticides d'ici 2030, loi de restauration de la nature. «Des injonctions aux conséquences considérables sur l'agriculture, l'artisanat ou l'industrie», critique le Premier ministre. Lui veut «plus de liberté» laissée aux États. La loi Barnier instaure le principe de précaution
Michel Barnier, ministre de l'Environnement dans les années 90, le sujet n'était pas aussi central, mais il laisse son nom à la loi Barnier, la première à instaurer les principes généraux du droit de l'environnement : principe de précaution ou celui du pollueur payeur. Quant à son passage au ministère de l'Agriculture sous Nicolas Sarkozy, l'association de défense de l'environnement Générations futures retient un ministre qui a su «résister aux pressions de la FNSEA» pendant les négociations du Grenelle des pesticides. L'ONG appelle aujourd'hui Michel Barnier à une refonte en profondeur des politiques agricoles et environnementales. Marine Le Pen : «Emmanuel Macron a tenu compte des critères du RN dans le choix de son Premier ministre»
Après ses déclarationsà la presse suite a la nomination du nouveau Premier ministre, la patronne des députés RN a démenti avoir participé activement à l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, assurant ne pas être la «DRH» du chef de l'Etat. Pourquoi le Rassemblement national (RN) se montre-t-il, pour l'instant, clément avec Michel Barnier ? Emmanuel Macron «a tenu compte des critères du RN dans le choix de son Premier ministre», a estimé Marine Le Pen dans un entretien à La Tribune dimanche, le 8 septembre. «Michel Barnier semble avoir, sur l'immigration, le même constat que le nôtre», a-t-elle relevé, rappelant ce qu'avait défendu l'actuel locataire de Matignon lors de la primaire des Républicains, en 2021. «Il a au moins conscience que l'immigration est un problème majeur», a-t-elle ajouté. Marine Le Pen a assuré que son «souhait n'était pas de susciter un blocage». «Si nous l'avions souhaité, nous aurions fait comme le Nouveau Front populaire et menacé de censurer tout le monde. Ce n'est pas notre état d'esprit», a-t-elle poursuivi, prévenant que «ce gouvernement serait évidemment sous surveillance». Le RN lui accorde le «bénéfice du doute»
Dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où elle faisait sa rentrée politique dimanche matin, Marine Le Pen a toutefois nié avoir participé activement à la nomination de Michel Barnier. «Je ne suis pas DRH d'Emmanuel Macron», a-t-elle déclaré, ajoutant : «Je pense que seul un Premier ministre du Rassemblement national peut mettre en œuvre le projet du Rassemblement national». Elle a aussi affirmé qu'elle n'avait «pas eu d'échange avec Emmanuel Macron» jeudi, démentant selon lequel le président de la République l'avait appelée pour s'assurer que le RN ne censurerait pas le nouveau Premier ministre avant son discours de politique générale.
La patronne des députés RN a dit espérer que Michel Barnier serait «respectueux de ce que souhaitent les 11 millions d'électeurs du Rassemblement national». «Il ne faut pas que monsieur Barnier oublie le résultat des élections européennes», a-t-elle également souligné. Les Français, a-t-elle estimé, sont «extrêmement critiques» vis-à-vis de la construction européenne actuelle et la rejettent. Le 9 juin, la liste menée par Jordan Bardella est arrivée largement en tête, recueillant près de 31,37% des voix. Jordan Bardella assure que le RN ne participera pas «au désordre institutionnel et au chaos démocratique»
Par ailleurs, le président du Rassemblement national aussi sur de lui et de son parti, a déclaré samedi que le RN avait choisi de lui accorder le «bénéfice du doute». Le fait de ne pas avoir choisi «a censure a priori» ne signifie pas qu'il n'y aura pas de «censure dans les prochains mois», a-t-il prévenu. «Rien ne peut se faire sans le RN», juge Jordan Bardella. Michel Barnier «est un Premier ministre sous surveillance», a déclaré le président du Rassemblement national (RN). Le RN a choisi de lui accorder le «bénéfice du doute». Le fait de ne pas avoir choisi «la censure a priori» ne signifie pas qu'il n'y aura pas de «censure dans les prochains mois», a-t-il prévenu. «Rien ne peut se faire sans nous», a-t-il assuré, exigeant que Michel Barnier prenne en compte «les sujets du Rassemblement national».
De Marseille, Samir Sabek


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