un étudiant sous pression est un étudiant soumis au contrôle de son émotion Dalila Sellah, psychologue clinicienne.

Vous avez du mal à vous concentrer ' Avez-vous des problème d'organisation ' Seriez vous procrastinate ' Cette semaine el watan étudiant vous invite sur le divan du docteur Dalila Sellah.prêtons lui une oreille attentive, car il parait que la solution 'est dans le problème !-Un grand nombre d'étudiants sont très pressés et ils passent inlassablement d'une action à une autre sans en terminer pour la plupart. Ils s'occupent de plusieurs projets à la fois et finissent par perdre de vue leur objectif. peut-il s'agir d'un trouble psychologique ' Comment calmer cette agitation '
En fait, ce n'est pas un trouble psychologique au sens propre du terme. Mon approche est purement cognitivo-comportementale qui obéit aux lois de l'apprentissage et du conditionnement. pour simplifier, nous sommes plutôt devant des personnes qui n'ont pas appris à aller jusqu'au bout des tâches qu'ils doivent accomplir ; lorsqu'on parle de procrastination, nous parlons d'une attitude, voire d'une habitude acquise consistant à reporter ce que l'on doit faire à plus tard.
Attention, le processus est vicieux et peut mener sur le long terme les sujets à subir le cumul les mettant dans l'impossibilité de faire face à la demande reportée, et là soit ils finissent par abandonner, soit ils sont sous pression pouvant aboutir à un stress, puis un épuisement dépressif, voire une dépression et c'est pour cela que la procrastination peut parfois, je dis bien parfois, masquer une dépression où l'on n'a tellement envie de ne rien faire et que l'on reporte tout au lendemain. Arriver à ce stade, nous pouvons alors parler de psychopathologie. Nous sommes là devant des troubles neurobiologiques connus sous le nom de TDHA (Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) ; dans ce cas, un suivi et une prise en charge s'imposent. Mais dans la majorité des cas, il s'agit simplement d'hyperactivité ou d'un problème de procrastination.
-En voilà un terme bien barbare pour nos étudiants ! Mais qu'est-ce donc la procrastination ' se peut-il qu'il y ait des étudiants qui en souffrent sans s'en rendre compte ' et bien sûr comment y remédier '
En fait, ce n'est pas aussi compliqué qu'on le croit. La procrastination, c'est l'ajournement, la tendance à reporter à un moment ultérieur une tâche que l'on doit faire le jour-même. Il est vrai que des efforts à fournir sont nécessaires pour y remédier, mais il suffit de faire ce qu'on appelle une planification des tâches à accomplir et de l'appliquer, c'est vraiment apprendre à s'organiser et à appliquer ce qui a été planifié. Le psychologue peut aider aussi à démasquer les activités qui sont toujours valables et qui permettent d'éviter la tâche.
Par exemple, vous devez réviser un cours, et en vous mettant dans votre chambre, vous vous dites que vous ne pouvez pas travailler sans avoir mangé quelque chose, et vous y allez, puis vous vous dites que vous devez d'abord appeler un ami pour voir où il en est dans ses révisions, et la demi-journée passe, vous vous dites alors «tiens, je vais m'allonger un peu» et alors vous dormez deux heures. A votre réveil, la journée est presque finie, et vous vous dites «je vais réviser après le dîner», et une fois le dîner terminé, vous êtes fatigué et vous vous dites «demain je le ferai», et bien sûr le lendemain vous reprenez le même comportement.
Pour sortir de la procrastination, il faut également agir sur la motivation, et notamment travailler sur les «pensées dysfonctionnelles» : en clair, les idées reçues qui vont bloquer l'action : «je me sens incapable d'y arriver», «je préfère réviser le soir'». Attention, parfois la procrastination chronique peut masquer une dépression. Dans ce cas, on a tellement envie de ne rien faire que l'on remet tout au lendemain. Une prise en charge adaptée est alors indispensable.
-Quelques nouveaux étudiants agissent ou parlent avant de réfléchir, ils prennent des risques, ou simplement plaquent tout régulièrement. Comment les aider à revenir à un tempérament plus raisonnable et moins radical '
Lorsqu'un individu agit avant de réfléchir, qu'il soit étudiant ou non, cela veut dire que la personne ne sait pas se contrôler, nous sommes devant l'impulsivité, c'est le comportement qui est à ce moment-là le chef d'orchestre devant l'émotion et la pensée logique et le raisonnement, car toujours selon l'approche cognitvo-comportementale, lorsqu'il y a une gêne, une souffrance, cela veut dire qu'il y a un déséquilibre dans le fonctionnement de la triade : émotion-cognition (raisonnement logique)-comportement et dans le cas de l'impulsivité l'émotion l'emporte et guide la pensée et le comportement.
Ainsi, un étudiant sous pression est un étudiant soumis au contrôle de son émotion, et là s'il n'a pas les moyens autour de lui de faire baisser son émotion, de gérer sa pression il finira par céder à son émotion. Dans cet exemple, l'étudiant sous pression doit arriver au résultat suivant : laisser le raisonnement prendre le contrôle, c'est là encore un apprentissage à faire avec un thérapeute (TCC) comme je le fais avec mes patients à travers un projet thérapeutique à double répertoire :
- comportemental où justement nous pointerons du doigt le comportement, le problème et ses conséquences, ce qui permettra de dresser à travers des techniques une attitude pour lutter contre ce comportement qui pose problème.
Nous identifierons les idées négatives associées au comportement-problème, nous procéderons alors à travers des techniques cognitives à la modification de ces pensées négatives. Je conseille aux personnes qui fonctionnent de façon impulsive d'entamer une prise en charge psychologique pour leur permettre de réfléchir avant d'agir, ou si vous voulez de ne pas agir sous l'effet de l'émotion, de ne pas fonctionner avec le schéma : émotion-comportement, mais de tenter de revenir grâce à la prise en charge spécialisée au fonctionnement émotion-pensée (raisonnement)-comportement.Certains étudiants ont un tempérament explosif. La majorité des garçons, mais de plus en plus de filles également, leurs changements fréquents d'humeur sont à l'origine de troubles dans l'enceinte de l'université.
-Ceux qui menacent la quiétude et la sécurité de leurs camarades, quels sont leurs problèmes à ceux-lï
Le même diagnostic du premier groupe qu'on vient d'évoquer s'applique à ces sujets. Nous sommes là devant des sujets qui n'ont pas appris à exprimer ce qu'ils veulent par des mots, le passage à l'acte ou le comportement agressif sont le résultat de l'échec de la parole, c'est une communication non verbale, il ne s'agit plus alors de filles ou de garçons, nous ne sommes pas devant des troubles de l'humeur au sens psychopathologique, nous sommes devant une situation où la parole a échoué.
-Quelques étudiants ont du mal à assimiler leurs cours et reprochent cela aux enseignants. ces derniers renvoient l'accusation aux étudiants. comment trouver un consensus entre les deux parties et quelles sont les conditions idéales pour transmettre le
savoir '
La situation que vous abordez est double, car les protagonistes sont les étudiants d'une part et les professeurs d'autre part. Le trouble de la concentration au sens pathologique est dû à plusieurs raisons, mais lorsque la personne a bien travaillé, ne manque pas de sommeil, gère bien son stress et ses problèmes en général, le projecteur doit alors être tourné vers le professeur : favorise-t-il l'activité de l'étudiant ' Fait-il appel au raisonnement et à la réflexion de l'étudiant ' Nous savons de nos jours que les étudiants à la fac n'ont qu'un seul objectif : décrocher un diplôme. Leur motivation est souvent appauvrie par plusieurs facteurs, notamment l'interaction professeur-étudiant, cette relation peut à elle seule faire qu'un étudiant donne le meilleur de lui-même, il est clair qu'un cours interactif attire plus l'attention qu'un cours magistral donné à tue-tête.