Algérie

Un été pourri à Oran



Depuis le milieu des années 1990, la salubrité urbaine est devenue l'otage de l'incivisme de certains habitants et de l'incapacité des pouvoirs publics à mettre en place un dispositif efficace de collecte et de traitement des déchets.Rarement Oran aura vécu un été aussi dur que celui qui s'achève. Entre la 3e vague du coronavirus et le scandaleux manque d'oxygène qui ont provoqué la souffrance et les drames que l'on sait, les coupures d'eau semblables à celles ayant marqué la fin des années 1990, la persistance des ordures qui continuent de menacer la santé publique et l'augmentation brutale des prix des produits de large consommation, la saison estivale 2021 n'aura pas été tendre avec les Oranais.
"C'est l'été le plus pourri que j'ai vécu. Les décès dus au corona, l'angoisse d'enfants ou de parents cherchant l'oxygène pour les leurs, les incendies en Kabylie... Je me souviendrai longtemps de ce mois d'août", énumère Nadia, mère de famille, qui a passé pratiquement tout son congé à la maison, coincée entre l'humeur massacrante de ses trois enfants et la morbidité des nouvelles diffusées par les médias ou à travers les réseaux sociaux.
"Nous nous sommes rendus seulement trois fois à la plage avant la réinstauration du confinement, et toujours avec la peur de contracter le virus", continue-t-elle.
À Oran, la plage est généralement associée aux détritus que certains estivants peu respectueux de l'environnement et de leurs concitoyens laissent derrière eux.
Sur le sable et dans l'eau, il est très fréquent de tomber sur des sachets en plastique, des bouteilles d'eau vides ou des bavettes. Ce qui ne surprend plus personne, l'amoncellement des déchets ménagers faisant désormais partie du paysage urbain oranais.
Depuis le milieu des années 1990, la salubrité urbaine est, en effet, devenue l'otage de l'incivisme de certains habitants et de l'incapacité des pouvoirs publics à mettre en place un dispositif efficace de collecte et de traitement des déchets.
Pour des raisons qui demeurent obscures, la ville n'arrive pas à se débarrasser de ses ordures ménagères malgré un personnel communal pléthorique, des moyens matériels importants, l'appui de concessionnaires privés et l'organisation de plusieurs opérations de nettoiement avec l'aide du mouvement associatif.
"Cela faisait vraiment peur. Le fait d'être confronté à la menace du coronavirus et de constater tous les jours que les foyers de contamination débordaient des trottoirs était vraiment très angoissant. D'une part, on nous exhortait à nous laver fréquemment les mains et à faire attention à l'hygiène, de l'autre nous circulions pratiquement entre les déchets", dénonce Ahmed, commerçant de 50 ans, outré par l'ampleur de la décrépitude.
Et comme si cela ne suffisait pas, des perturbations dans la distribution de l'eau sont venues compliquer le quotidien d'Oranais en plein désarroi. En dépit de la mise en place par la Seor d'un programme de distribution rassurant (alimentation quotidienne pour 90% des abonnés et d'un jour sur deux pour les 10% restants), les habitants de plusieurs quartiers continuent de dénoncer des coupures d'eau pouvant s'étendre sur plusieurs jours.
"C'est bien simple, je suis contrainte de remplir des jerricans de 20 litres, des dizaines de bidons de 5 l et même toutes sortes de récipients pour éviter le pire", assure une femme au foyer résidant à Belgaïd, dans la banlieue est d'Oran.
D'ailleurs, dans ce quartier comme dans d'autres, les colporteurs d'eau (dont l'hygiène a toujours été sujette à caution) ont refait leur apparition pour aider les citoyens à traverser cette crise. "Ce n'est pas pour boire mais juste pour se laver", rassure un citoyen, conscient que la consommation de l'eau des citernes peut être porteuse de risques pour la santé.
En tout état de cause, les Oranais, comme leurs concitoyens des autres wilayas, se souviendront de l'été 2021 comme celui d'un épisode meurtrier du coronavirus, du manque d'oxygène, des coupures d'eau, des feux de forêt et de l'augmentation des prix de produits de consommation. Un été pourri, en somme.

S. OULD ALI
Fermeture momentanée de l'hôpital Chtaïbo
? Voulant profiter de l'actuelle décrue des cas de Covid-19, les autorités locales ont décidé de procéder à la fermeture momentanée de l'hôpital Nedjma dit Chtaïbo, afin d'en achever les travaux et effectuer la réception officielle de cet établissement hospitalier.
L'hôpital de Chtaïbo, avait été ouvert dans l'urgence en 2020, pour l'hospitalisation des malades atteint par le Covid-19, alors que tous les autres établissements de santé se voyaient dépassés par le nombre de malade, au plus fort de la deuxième vague de la pandémie Covid.
D'une capacité de 224 lits, cet établissement avaient été ouvert sous la supervision de l'établissement EHU 1er Novembre, avec la possibilité d'exploiter seulement 120 lits. Cependant, aucune précision n'a été donnée sur la durée des travaux. Les malades encore hospitalisé dans cette structure seront réorientés vers les autres établissements de santé.

D. L.


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