Des hôtels égyptiens occupés à 30% en avril contre plus de 90% un an plus
tôt, un ministre tunisien qui confesse une année «désastreuse», les lendemains
des révoltes populaires vécues par ces deux pays, à fort potentiel touristique,
ont plombé, sérieusement, le secteur post révolution, hypothéquant par là les
substantielles rentrées de devises fortes. Pourtant cette désaffection, somme
toute temporaire, ne semble pas profiter à l'Algérie en butte, d'un côté, à un
manque chronique d'infrastructures d'accueil et de l'autre, à la menace
terroriste supposée d'Aqmi qui a pris en otage le sud
touristique par le truchement d'opérations ponctuelles de rapt de touristes
étrangers, le dernier en date étant celui de l'Italienne Maria Sandra Mariani, 53 ans, enlevée en février dernier.
Le ministre du Tourisme, Smaïl Mimoune, a assuré que le
gouvernement «n'a, à aucun moment, envisagé de tirer profit de la situation
générée par les troubles en Tunisie et en Egypte», une déclaration qui a le
goût d'un aveu officiel sur l'incapacité de l'Algérie à prétendre remplacer les deux destinations dans le calendrier des tours-opérateurs
européens. Malgré les annonces de bonne intention et les programmes à long
terme en vue de réhabiliter la destination Algérie, le pays est toujours
confronté à un manque flagrant d'infrastructures hôtelières, puisque le pays ne
compte que dix hôtels classés «cinq étoiles» contre 45 en Tunisie et près de 100
en Egypte, à titre comparatif. C'est dire le fossé «infrastructurel» qui sépare
l'Algérie des traditionnelles destinations des touristes européens.
Selon Mohamed Mellah, le
responsable de Dam Tour, un tour-opérateur privé, cité par l'AFP, «la plupart
veulent tirer profit des troubles en Tunisie et de la situation au Maroc pour
attirer les touristes étrangers. Mais on ne peut pas construire du jour au
lendemain des hôtels avec une baguette magique», un constat, plus explicite, qui
rejoint les appréciations du ministre de tutelle et qui renseigne davantage sur
l'état de déliquescence du secteur du tourisme, pourtant donné comme le
probable remplaçant des exportations d'hydrocarbures pour alimenter les caisses
de l'Etat en devises fortes. Le tourisme étant promu au rang de priorité
nationale, avec la consolidation d'un schéma directeur d'aménagement
touristique qui met l'accent sur la mise en place de pôles d'excellences
touristiques. C'est dans le cadre des Assises Nationales et Internationales du
Tourisme de février 2008 que les autorités publiques ont lancé à Alger un plan
international visant à faire de l'Algérie une destination reconnue mondialement
à l'horizon 2025 pour attirer quelque 20 millions de touristes. Théoriquement, la
politique nationale du développement du tourisme est définie par cinq
dynamiques qui visent le renouveau du tourisme national selon une démarche
progressive. Il s'agit d'abord de valoriser la destination Algérie à
l'international en la «labellisant » et en la rendant plus compétitive. Le plan
prévoit également de lancer sept pôles touristiques en mobilisant l'ensemble
des partenaires publics et privés et en développant une stratégie de
financement opérationnelle visant à accompagner les investisseurs et les tours
opérateurs tout au long du processus. Les capacités d'accueil prévues dans ce
programme sont de l'ordre de 53 000 lits auxquels s'ajouteront également des
infrastructures commerciales et de loisirs. Parmi les 172 zones d'extension
touristiques (ZET) existantes à travers le pays, 22 ZET seront portées
prioritaires. Mais force est de reconnaître que trois ans plus tard, et de
l'avis des professionnels du tourisme, l'Algérie n'est pas prête à accueillir
un nombre important de touristes.
Les destinations Tunisie et Egypte
mises entre parenthèses, le tourisme national peut tirer profit des Algériens
établis à l'étranger, principalement en France, qui séjournent
traditionnellement en Tunisie. Mais là encore, le manque d'infrastructure et la
qualité des services, loin des standards internationaux, peuvent encore mettre
le tourisme un peu plus à genoux.
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Posté Le : 24/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com