Quand les bruits de couloirs ne sont plus audibles, nous nous faisons un
devoir de vous les faire parvenir. Musique.
Alors que les gouvernements de l'UE s'imposent des programmes d'austérité
pour assainir les économies nationales des effets toxiques dus à la crise
financière de 2008, voilà la
Pologne qui va assurer la présidence tournante de l'UE à
partir du 1er juillet prochain, annonçant sa volonté d'augmenter le volume des
financements des politiques communes et, surtout, de réviser leur ventilation
entre secteurs économiques et entre les Etats membres. Le gouvernement polonais
a dévoilé, le 31 mai, les priorités qu'il compte défendre tout au long du 2e
semestre de cette année, parmi lesquelles celle d'une augmentation
substantielle du budget septennal de l'UE 2014-2020.
«Si l'Europe veut être compétitive sur la scène mondiale, elle ne doit
pas se concentrer uniquement sur les finances publiques et la limitation des
déficits budgétaires.
D'autres actions sont nécessaires», affirme le communiqué du gouvernement
polonais, qui appelle, par ailleurs, à une plus grande contribution des Etats
membres au budget communautaire.
Seulement, ce n'est pas du tout l'avis d'un grand nombre d'Etats membres,
particulièrement les premiers contributeurs au budget commun tels l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l'Italie. Ces
derniers multiplient initiatives et appels à une réduction drastique des
dépenses publiques. Le chef de file des partisans de la rigueur et de
l'austérité, le 1er ministre britannique David Cameron, avait déclaré lors du
Sommet européen de décembre 2010: «A partir de maintenant, le budget de l'UE
reflétera les réductions des dépenses opérées par les gouvernements nationaux. Ce
sera le cas pour chaque année, y compris pour la ligne de dépense cruciale de 2014-2020.
»
Cela promet de belles bagarres lors des réunions à Bruxelles. Et pour
cause, la conception polonaise de la politique budgétaire européenne ne se
limite pas à un appel à plus de «générosité» financière des Etats riches. Elle
propose de donner plus d'argent aux pays les moins avancés de l'Union, tels
ceux de l'Est européen, et un soutien plus appuyé aux partenaires du Sud
Méditerranée et ceux des Balkans.
Dans le montage financier global, la Pologne s'attaque au chapitre le plus controversé
du budget de l'Union: celui de l'agriculture.
Ce n'est pas son montant qui pose problème. C'est plutôt sa répartition. Avec
les 55 milliards d'euros qui lui sont réservés, soit 44% du budget global, le
chapitre agriculture est l'objet de sérieuses divergences entre les Etats
membres.
La France s'adjuge à elle seule 40% des 55 milliards. Cela ne peut continuer ainsi,
estiment par exemple les 12 Etats d'Europe de l'Est qui ont rejoint l'Union ces
dernières années. Mais pas seulement: la Grande-Bretagne, qui
bénéficie depuis l'ère de Margaret Thatcher d'une ristourne fiscale annuelle de
5 milliards d'euros en soutien à son agriculture, ne veut pas la remise en
cause de cet avantage. A chaque fois que ses partenaires le lui rappellent, la Grande-Bretagne
«regarde» vers la France.
Elle n'acceptera de remettre en cause cet avantage que si la France fait de même pour
les 40% de subventions attribués à ses agriculteurs.
Les divergences sont telles que les négociations du budget pluriannuel (sur
7 ans) qui devaient être entamées l'année dernière, ont été reportées pour ce
deuxième semestre 2011. La tension sera vive, pour ne pas dire explosive, tant
les effets de la crise financière internationale pèsent encore sur les
économies européennes.
Ce 2 juin, le Comité économique et financier de l'UE, réuni à Vienne, vient
de donner son accord pour une restructuration de la dette souveraine grecque. Cela
veut dire plus d'argent pour la
Grèce, en contrepartie d'un second plan d'austérité drastique.
Et il n'est pas dit que l'Irlande ne sollicite pas une seconde aide, même si sa
dette est bancaire et non structurelle. Le Portugal, lui aussi, n'est pas à
l'abri d'une débâcle de ses finances publiques, malgré l'aide qui vient de lui
être accordée.
Et puis, et puis… il y a la nature: la sécheresse qui fait ses premiers
dégâts chez les agriculteurs et semble vouloir s'installer pour toute la saison.
Les demandes de subventions affluent déjà au bureau du Commissaire européen en
charge du secteur. La France,
la Belgique,
l'Italie et d'autres appellent au secours pour leurs agriculteurs. Les
gouvernements européens sont devant un vrai dilemme : soutenir financièrement
leurs économies sans lever de nouveaux impôts.
Les PME, principaux fournisseurs d'emplois et de richesses, sont
asphyxiées par la fiscalité qui varie entre 30 et 33% pour les pays dits de
l'Ouest, alors qu'elle atteint une moyenne de 19% chez les pays de l'ex-Europe
de l'Est. Et il n'est pas exclu que des pays comme la France, la Grande-Bretagne et
l'Allemagne sortiront l'argument de la faible fiscalité sur les entreprises
dans les pays de l'Est pour contrer la volonté polonaise de remettre en cause
la structure et le volume du budget communautaire.
Ces «guéguerres» sont lancées, alors que la Commission européenne
n'a pas encore dévoilé son plan septennal pour l'Union. Elle le fera le 29 juin
prochain. D'ici, là, la tension ira crescendo.
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Posté Le : 05/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com