Algérie

Un essai sur la solidarité néerlandaise



Un essai sur la solidarité néerlandaise
L'historien hollandais Niek Pas analyse, dans cet un essai paru ces jours-ci aux éditions Barzakh, les formes de solidarité exprimées par une partie de la société civile néerlandaise à l'égard de la cause de l'indépendance algérienne, à partir du déclenchement de la guerre de libération nationale. Publié aux Pays-Bas en 2008, puis réécrit et traduit en français pour l'Algérie, ce livre recense les réactions à la guerre de libération nationale chez différentes couches sociales aux Pays-Bas, un allié « fidèle » de la France et membre de l'Otan. Dans cet essai de 200 pages, sur un sujet peu connu, l'auteur confronte la position officielle du Royaume de Hollande - pour qui la guerre d'Algérie était une « affaire interne française » - et l'intérêt progressif des Néerlandais (militants politiques, journalistes, intellectuels ou citoyens ordinaires) dont certains comparaient le combat algérien à la résistance contre le nazisme dans leur propre pays. Selon l'auteur, cet intérêt pour l'Algérie, manifeste d'abord dans les milieux d'extrême gauche puis dans des journaux de même orientation, avant de mobiliser une plus large partie de l'opinion, procède également de la « stratégie d'internationalisation » des dirigeants du FLN dans un contexte de « crise mondiale » due à la guerre froide. S'appuyant sur des archives diplomatiques, des coupures de presse et des correspondances, l'historien met en exergue, dans la première partie du livre, l'« attention particulière » de la France à la presse hollandaise où « s'affirmait de plus en plus » une critique de la politique de « pacification » de l'Algérie. A l'exemple de ce compte rendu paru dans le journal catholique De Maasbode, d'un livre français dénonçant la torture, qui a valu à la rédaction du journal des « pressions » exercées directement par l'ambassade de France aux Pays-Bas ou par des personnalités « amies » de la France dans ce pays.Le rôle de la télévisionAux côtés des écrits journalistiques, « peu nombreux » et peu influents, la popularisation, à partir 1953, de la télévision au Pays-Bas, sera déterminante dans la mobilisation des Néerlandais, poursuit l'auteur. Elle culminera à l'été 1959 avec le succès populaire de « Redt Een Kind » (Sauvez un enfant), une campagne de solidarité avec les enfants algériens réfugiés au Maroc organisée par VPRO, une association protestante. Celle-ci lancera des appels aux dons à la radio puis diffusera une série de reportages télévisés qui donneront lieu à un concert de charité, suivi par quelque « deux à trois millions » de Néerlandais. Pour Niek Pas, le succès « retentissant » de cette campagne s'inscrit dans un contexte marqué par la proclamation à l'ONU de l'année 1959 « Année mondiale des réfugiés ». Il note, à cet égard, le lien entre le problème des réfugiés algériens au Maroc et en Tunisie, tel que posé par les représentants du FLN à l'Assemblée générale de l'ONU, et l'évolution, à la même époque, du droit international sur la question des réfugiés. Dans la dernière partie de son essai, ce professeur d'histoire à l'Université d'Amsterdam s'intéresse aux intellectuels hollandais partisans du combat de l'Algérie parmi ceux qui ont apporté leur soutien à l'édification de l'Algérie indépendante. A l'exemple des militants trotskistes Michel Stupen et Sal Santen, engagés dans les opérations d'émission de faux billets au profit de la Fédération de France du FLN et dont le procès entre 1960-1961 à Amsterdam marque, selon l'auteur, l'« implication directe des Pays-Bas dans la guerre d'Algérie ». Comme beaucoup d'autres trotskistes, Sal Raptis se rendra en Algérie après 1962 pour « y mettre en ?uvre le socialisme au nom de la IVe Internationale » (organisation communiste fondée par Trotsky) et sera nommé conseiller par le président Ahmed Ben Bella en 1963. Le livre est illustré d'affiches de la campagne « Sauvez un enfant », de photographies des reportages de la VPRO et des manifestations de solidarité avec l'Algérie organisées à Amsterdam, en 1961.




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