Algérie

Un espoir en Afrique



Un espoir en Afrique
Plus que partout ailleurs dans le monde, le virus du sida continue de faire planer sur l'ensemble du continent africain le spectre de la mort. D'après un rapport publié en novembre 2010 par l'Onusida, le Programme des Nations unies pour le sida, la maladie y a fait en 2009 1,3 million de décédés, des orphelins par centaines de milliers, et six jeunes de moins de 25 ans y sont contaminés chaque minute. Aujourd'hui, trente ans après les premiers cas de VIH enregistrés, 70% des séropositifs vivent dans cette partie du monde, soit environ 25 millions de personnes. De fait, le continent demeure la région la plus affectée, même si l'Onusida, depuis son rapport, ne cesse de mettre en avant «une stabilisation des nouvelles infections au VIH». La pandémie s'est stabilisée au Nigeria, et parmi les pays les plus touchés, quatre (Ethiopie, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe) ont réussi à faire baisser de 25 % le nombre de nouvelles infections depuis 2001.

Des avancées notables
L'essentiel des contaminations se fait par des rapports sexuels non protégés, et les Africains, pudiques, ont souvent honte de cette maladie. Mais de plus en plus, les personnes infectées apprennent à vivre avec le virus et les autres à changer de regard sur les séropositifs. L'une des principales raisons expliquant ce changement de perception sur le VIH et le sida, c'est la mobilisation tous azimuts dans la lutte contre la pandémie.Dans la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne, il existe un Comité national de lutte contre la maladie, lequel agit de concert avec les nombreuses associations et autres ONG qui se multiplient. Les pouvoirs publics et la société civile, appuyés par des bailleurs de fonds et des organismes internationaux, ont mis en place divers programmes de prévention et de sensibilisation.Autre élément, et non des moindres, l'assouplissement des mécanismes d'accès aux traitements antirétroviraux. Presque partout en Afrique, quand ils ne sont pas gratuits comme au Nigeria, au Swaziland ou en Ouganda, les soins sont dispensés à des tarifs modiques. Au Cameroun, par exemple, une plaquette de six comprimés pour un traitement antirétroviral coûte 100 francs CFA (0,15 euro) et un bilan de suivi 3 000 (5 euros). Le Bostwana fut le premier pays africain à tirer parti, dès juin 2001, de la réduction du prix des médicaments. Depuis lors, plus de 5 millions de personnes suivent un traitement sur le continent, d'après des indications de l'Onusida. Avec à la clé une baisse des nouvelles infections de l'ordre de 17% et un recul de la mortalité.Du Cap en Afrique du Sud à Kampala en Ouganda en passant par Bangui en République Centrafricaine, les problématiques liées au VIH et aux maladies sexuellement transmissibles sont évoquées au grand jour, et les populations prennent souvent elles-mêmes l'initiative d'aller se faire dépister. Comme ces femmes qui vont se faire soigner dans des hôpitaux dans l'Est de la République démocratique du Congo. la représentation locale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que, souvent victimes de violences sexuelles, elles cherchent en priorité à savoir si elles ont été infectées ou non.

La lutte continue
L'assurance d'une prise en charge rapide et très peu coûteuse semble donc dissiper tous les a priori et les peurs que la maladie véhicule depuis trois décennies. Et les associations sur le terrain, comme Alternatives Cameroon, spécialisée dans l'accompagnement des homosexuels vivant avec le VIH, parle d'un «usage de plus en plus fréquent et systématique du préservatif» Si ces barrières psychologiques tombent, il n'empêche que de nombreux efforts restent à faire.Les priorités sont donc encore nombreuses, comme la question de la transmission du virus de la mère à l'enfant. Alors que ce mode de contamination est quasiment éliminé dans le reste du monde, l'Onusida indique que près de 400 000 enfants naissent avec le VIH chaque année en Afrique. Autant les énergies doivent être mobilisées sur le sujet, autant doit être rapidement résolue l'absence de structures de santé dans les zones les plus reculées. Les personnes infectées et vivant dans les campagnes sont souvent découragées par les nombreux kilomètres à parcourir pour effectuer une prise de sang ou renouveler leur traitement.Et si les soins coûtent bien moins cher aujourd'hui qu'il y a quelques années, y accéder relève toujours du parcours du combattant. En cause : une raréfaction des stocks et de longues heures d'attente dans des hôpitaux où, bien souvent, le personnel ne respecte pas toujours les tarifs homologués par les pouvoirs publics. Les séropositifs se plaignent de diverses arnaques, comme en mai 2011, au Cameroun, où des associations de lutte contre le VIH ont dénoncé les tarifs arbitraires exigés aux patients dans des hôpitaux de Douala.
R. M.




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