Algérie

Un énorme patrimoine à l'abandon Paralysie des espaces culturels


Un énorme patrimoine à l'abandon Paralysie des espaces culturels
En matière d'infrastructures, le secteur de la culture est plutôt bien loti en Algérie. Dans chaque commune, aussi petite soit-elle, on trouve au moins un établissement censé être un foyer du savoir, de l'éducation et des loisirs. Les villes moyennes et les chefs-lieux de daïra disposent généralement de deux à trois espaces culturels (généralement, un centre culturel, une bibliothèque municipale et une salle des fêtes et de projection). Dans les grands centres urbains et les chefs-lieux de wilaya, la présence matérielle du secteur est encore plus diversifiée à travers l'implantation d'une grande maison de la culture, d'un théâtre, de nombre de petits centres culturels de proximité, de maisons et d'auberges de jeunes, de bibliothèques et de salles de cinéma.Statistiquement, les 1 600 communes que compte le pays totalisent plus 3 000 établissements publics prétendument dédiés à la culture. En théorie, le secteur de la culture se déploie sur chaque kilomètre carré du territoire national, dépassant dans ce registre les services de sécurité et les autres démembrements institutionnels de l'Etat. Mais dans la réalité, cet énorme patrimoine est quasiment à l'abandon. Tous ces équipements, qui ont coûté très cher à la collectivité nationale, sont en hibernation prolongée. Faute de budgets de fonctionnement conséquents et de personnel dûment qualifié, la quasi-majorité des structures restent fermées en permanence. Les budgets de fonctionnement et les subventions dégagés par les communes, les wilayas et le ministère de tutelle, en l'absence d'une culture de mécénat et de sponsoring, sont négligeables. Contrairement aux sports, les moyens financiers mis au service du mouvement culturel sont manifestement dérisoires. Qu'ils soient sous la tutelle des APC ou celle de la direction de tutelle, ces espaces restent manifestement sous-exploités faute d'initiatives et de programmation régulière. La demande existe pourtant. Les citoyens se plaignent souvent de la rareté de ce type d'événements pour s'instruire, sortir en famille où acquérir des lectures fraîches.Dans les pays développés, les politiques culturelles municipales sont réfléchies en termes de citoyenneté et de démocratie, en supprimant le plus d'obstacles possible dans l'accès équitable aux connaissances et aux savoirs. L'action culturelle de proximité constitue en ce sens un outil efficace pour cultiver les valeurs de respect et de tolérance, développer l'esprit critique de chaque citoyen, établir de véritables canaux de communication et instaurer une saine tradition de rencontre et d'échange. La gestion de ce dossier exige conséquemment beaucoup de sérieux et de doigté dans la mesure où il constitue un paramètre important dans le développement d'un pays, l'essor d'une région ou le rayonnement d'une localité donnée. De ce fait, les communes et les institutions culturelles doivent se démener impérativement pour développer leurs propres politiques culturelles de proximité en élaborant un programme de mise en 'uvre aussi exact que précis. En accordant un peu plus de subventions à la culture, les municipalités se doivent aussi de repérer les dispositifs de gestion, de pilotage et d'évaluation permettant de mieux justifier de la pertinence des objectifs fixés, de l'efficacité et de l'efficience des moyens mis en 'uvre et de l'utilité des actions conduites. Les maires et leurs collaborateurs sont, plus que jamais, interpellés à se secouer un tout petit peu. C'est une urgence !
K. A.
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