Algérie

Un enjeu capital pour les communes pauvres ou enclavées



Un enjeu capital pour les communes pauvres ou enclavées
En faisant passer la tutelle des collectivités locales vers celle du Trésor public, l'Etat a retiré aux APC et aux wilayas le droit de créer des Entreprises publiques locales (EPL).C'est au moyen d'une loi de finances complémentaire, promulguée en 1994, que les capitaux des EPL relevant du ministère de l'Intérieur et de Collectivités locales ont subitement été transformés en capitaux publics marchands de l'Etat, administrés par le Trésor public.Les EPL avaient de ce fait perdu cette dénomination pour devenir des entreprises publiques économiques (EPE), désormais confiées aux Sociétés de gestion des participations (SGP) pour la surveillance stratégique et au Conseil des participations de l'Etat (CPE) pour ce qui est des actes d'investissement et de création de nouvelles entreprises opérant localement. C'est précisément ce qui est à l'origine de la désertification entrepreneuriale qui affecte notamment les communes de l'Algérie profonde qui souffrent pourtant de chômage et d'absence de moyens de réalisation.Pour construire une école, des logements, ouvrir une route communale, assainir une cité ou installer des équipements d'éclairage public, les maires, tout comme les walis, doivent faire appel aux entreprises existantes en se basant sur les dispositions du code des marchés publics en vigueur. Beaucoup de temps et d'argent sont ainsi perdus, nonobstant les appels d'offres auxquels aucune entreprise ne veut répondre compte tenu de l'éloignement ou de l'enclavement de bon nombre d'entre elles.A la stérilité de la démographie des EPL causée par l'interdiction faite aux maires et aux walis de créer de nouvelles entreprises, qui a considérablement accru la désertification économique de certaines portions du territoire algérien, est venue s'ajouter la dissolution d'environ 1400 EPL opérée au début des années 1990, toujours à la faveur d'un article de loi de finances complémentaire. Près de 200 000 postes de travail avaient, on s'en souvient, été ainsi supprimés, causant un véritable drame, tout particulièrement dans les communes les plus déshéritées où ces entreprises étaient les seules et uniques pourvoyeuses d'emploi. Avec elles avaient également disparu de précieux moyens de construction et de services vers lesquelles les élus locaux se tournaient pour construire des équipements sociaux (écoles, centres de santé, routes, etc.) ou solliciter leur intervention en cas de calamité naturelle.Ces entreprises dissoutes, il est vrai, en raison de leur déstructuration financière faisaient réellement ?uvre utile. Leur disparition a mis dans un total désarroi les communes et wilayas qui ne trouvaient subitement plus d'outils de réalisation pour concrétiser leur programme de développement et soulager quelque peu le chômage endémique qui les affectait.Si la dissolution de ces 1400 entreprises publiques locales pouvait se justifier par la déstructuration irrémédiable de leurs comptes, ce qui ne l'est par contre pas du tout, c'est l'interdiction faite aux autorités concernées (APC, wilaya) de créer de nouvelles sociétés à même de les remplacer. L'occasion était pourtant propice à ce genre d'initiative. Les milliers d'actifs (terrains, immeubles, engins, matériaux et matériels divers) laissés par les EPL dissoutes pouvaient en effet servir à installer et capitaliser de nouvelles entreprises qui resteraient au service du développement économique et social des communes concernées, autrement dit au service de l'aménagement du territoire. Cette éventualité avait même été évoquée à l'occasion de la refonte du code communal qui s'est malheureusement achevée sans prise en charge de cette doléance, pourtant soutenue par de nombreux parlementaires.Le projet de constitution de banques locales susceptibles d'aider à la création de petites entreprises locales, annoncé à grand renfort médiatique, n'a par ailleurs jamais été mis à exécution. La création de ces banques aurait pourtant pu contribuer à la naissance de nombreuses petites et moyennes entreprises locales publiques et privées qui redonneraient vie à bon nombre de communes. Le repeuplement de l'Algérie profonde en entreprises locales n'est, par conséquent, pas pour demain.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)