Un enfer appelé mal de dents Tekhmima

Le plus vicieux des cadeaux que puisse vous faire la vie, c'est de vous balancer un mal de dent atroce, au moment où vous vous attendez le moins. C'est ce qui m'est arrivé. La veille du Ramadhan, en effet, un abcès dentaire - une dent de sagesse, de surcroît - a réveillé toutes les souffrances physiques et existentielles qui sommeillaient en moi. Dès que la douleur s'est attaquée au nerf de cette dernière dent qui, malheureusement, représente le peu de sagesse qui me reste encore pour affronter l'existence, l'enfer s'est ouvert sous mes pieds. J'ai, alors, ramassé tous mes espoirs pour les placer dans la visite immédiate au dentiste du coin. Mais, vainement ! Car, et c'est le comble pour un guérisseur, il n'a rien pu faire. « C'est trop tard, a-t-il diagnostiqué, l'abcès s'est déjà déclaré ! ». Il a dit ça comme un apprenti sapeur-pompier le dit devant un feu qu'il ne peut maîtriser. Et m'a fourgué une pauvre ordonnance « pour voir venir ». Tout en me conseillant de voir un autre spécialiste alors que des couteaux acérés me déchiraient la joue, le crâne et l'esprit. C'est fou ce qu'une simple dent peut avoir comme pouvoir. Saine, vous l'ignorez, alors même que vous en usez abusivement pour croquer aux merveilleux fruits de la vie. Malade, elle transforme votre existence en enfer et votre Ramadhan en sens interdits. Vous vous retrouvez, alors, devant, des choses « si nouvelles » pour vous. Votre téléphone - vous vous rappelez, ce bidule qui vous semblait si indispensable ' - eh bien, il devient, soudain, une vraie menace pour les muscles de votre bouche que vous n'avez plus la latitude d'ouvrir. Le bruit du téléviseur ' Une vraie torture pour votre crâne écrabouillé. Dormir ' Ah, la belle chimère que voilà. Manger, Ah, manger !!! Même bourré de tranquillisants, d'antibiotiques et de pilules anti-inflammatoires, le repos ne vient pas. L'enfer, je vous dis ! En ce moment-là, vous vous rappelez qu'il y a un Dieu et vous dirigez tous vos v'ux et toute votre volonté vers Lui. Vous êtes, même, toute honte bue, capable de confesser toutes vos fautes passées et tous vos péchés à venir. Pourvu que les maux cessent, mais les maux ne cessent pas, justement...