Une quarantaine de dossiers sont actuellement épluchés par l'antenne
stéphanoise de la Police judiciaire pour connaître la profondeur de l'affaire
des titres de séjour français, délivrés frauduleusement par un employé «modèle»
de la préfecture de la Loire. Si pour le moment, deux dossiers sont seulement
«à charge» contre cet employé, les policiers de la Police judiciaire enquêtent
pour savoir s'il n'y a pas d'autres délivrances de documents officiels dans la
quarantaine de dossiers traités par l'accusé.
L'affaire, en elle-même, remonte
à juin dernier, lorsque deux Algériens s'apprêtant à quitter le territoire
national en partance vers la France sont arrêtés à l'aéroport. Après fouille de
leurs bagages les pafistes découvriront des titres de séjour français délivrés
par la préfecture de la Loire. Pourtant, ces documents ne peuvent être délivrés
qu'une fois en France alors que les deux passagers n'avaient jamais quitté le
territoire national, d'où de lourdes présomptions de trafic de papiers. La
partie algérienne alerte son homologue française. L'enquête est alors confiée à
l'antenne stéphanoise de la Police judiciaire qui ne tarde pas à soupçonner un
employé de la préfecture, affecté à la délivrance de ces documents. Interpellé
fin octobre, il reconnaît avoir fait parvenir ces deux titres de séjour aux
intéressés en affirmant l'avoir fait dans un but humanitaire. Si cette
explication reste pleinement plausible pour la justice française, en raison
d'autres affaires similaires par le passé, il n'en demeure pas moins que les
enquêteurs cherchent à approfondir leurs investigations pour répondre à des
interrogations autour du nombre de titres délivrés frauduleusement ou la
présence de preuves matérielles quant à une quelconque corruption et
l'existence de complices au sein de la préfecture de Saint Etienne. Selon des
sources judiciaires, l'enquête s'annonce longue et minutieuse. Le suspect,
quant à lui, a été suspendu dans un premier temps, puis mis en examen pour «
délivrance indue de documents administratifs», et placé en détention provisoire.
Pour rappel, une affaire
similaire avait éclaté à Lille au mois de mai dernier, lorsque la police
judiciaire a mis à jour un trafic de titres de séjour délivrés frauduleusement
et arrêté trois personnes pour «corruption active et passive», «fourniture
frauduleuse de documents administratifs» et «aide au séjour irrégulier
d'étrangers». Pour ce dernier chef d'inculpation, le «clandestin» est frappé
d'une obligation de quitter le territoire français et qui ouvre en principe un
délai de départ volontaire de 30 jours après lequel l'exécution d'office
devient possible. L'obligation de quitter le territoire peut être assortie
d'une « interdiction de retour sur l'ensemble du territoire européen » d'une
durée maximale de 5 ans. En cas de placement en rétention d'un étranger en
situation irrégulière, la première décision statuant sur la légalité de la
décision d'éloignement sera prise par le juge administratif avant le juge des
libertés et de la détention qui n'interviendra qu'au bout de cinq jours au lieu
de deux. Ce juge pourra prolonger la détention de vingt jours et renouveler
cette prolongation une fois. Au total, la durée maximale de rétention
administrative pourra ainsi passer de trente-deux jours à quarante-cinq jours.
Cette affaire met un peu plus la lumière sur le désir grandissant des
Algériens à quitter le pays quel qu'en soit le prix à payer. Pourtant, et
depuis 2006, les interpellations d'Algériens sur le sol français pour séjour
irrégulier sont de moins en moins nombreuses. Durant les huit premiers mois de
2006, les contrôles policiers à Paris et en province ont permis de mettre la
main sur 2.652 nationaux démunis de titre de séjour. Dans ce registre, 2006
confirme une tendance déjà perceptible l'année précédente. Pendant deux ans,
les Algériens ont «caracolé» en haut du classement des interpellés pour défaut
de titre de séjour.
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Posté Le : 24/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com