Algérie

Un élu témoigne



Evénement - «La rencontre des membres du CNES avec les élus de la wilaya de Boumerdès a été une opportunité pour évoquer les problèmes auxquels sont confrontés les élus du peuple que nous sommes».
C'est aussi une occasion pour les membres de cet organisme ' une fois n'est pas coutume ' d'«écouter les doléances de ceux qui affrontent quotidiennement la colère des citoyens», a indiqué Saïd H. président d'une APC dans la wilaya de Boumerdès qui a souhaité garder l'anonymat.
Le débat entre les deux parties s'est concentré dans sa globalité sur les différents problèmes qui freinent le développement local. Mais les difficultés socioprofessionnelles des élus ont aussitôt pris le dessus dont entre autres les prérogatives, les indemnités et la sécurité du président de l'Assemblée populaire communale.
Ce dernier est souvent cité dans des affaires douteuses «ce qui n'est pas anodin», nous dit notre interlocuteur, comme beaucoup d'autres P/APC d'ailleurs. Certains sont même allés jusqu'à nous affirmer que le cadre de travail dans lequel évolue le P/APC l'incite à la corruption. Les pouvoirs publics auraient agi ainsi délibérément pour les impliquer dans des affaires de corruption histoire de les garder sous leur emprise, à en croire notre interlocuteur.
Les P/APC interrogés sont unanimes à ce sujet, le salaire du premier magistrat de la commune est une aberration pure et simple. Il faut savoir que le salaire du président de l'APC oscille entre 16 000 et 30 000 DA suivant l'importance de la commune qu'il gère.
La sécurité des P/APC est l'autre point qui a fait couler beaucoup d'encre lors de ces concertations. Partant du climat d'insécurité qui prévaut dans certaines wilayas de l'intérieur du pays ou le terrorisme continue de sévir et d'endeuiller les familles algériennes, les élus locaux n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour déplorer les conditions dans lesquelles ils évoluent tout au long de leur mandat.
Une situation qui s'est détériorée avec l'apparition d'un autre genre de banditisme à l'image des kidnappings dont ont été victimes les proches de certains élus. «Les présidents d'APC sont souvent livrés à eux-mêmes et peuvent être agressés à n'importe quel moment et n'importe où», raconte Saïd H. élu RND.
Sur le plan du développement, encore une fois c'est le vide juridique total. «Le président d'APC ne peut, en aucun cas, dans les conditions actuelles, impulser une dynamique à même de générer un développement local et la création d'emplois», estime notre interlocuteur.
Quant à l'enveloppe réservée au Plan communal du développement (PCD), elle est si «dérisoire qu'elle est souvent source de conflit et à l'origine des hostilités qui opposent le maire à ses concitoyens», ajoute ce P/APC. Pour lui, c'est ce manque de moyens qui pousse des villages ou des quartiers entiers à s'élever contre leur maire en saccageant tout ce qui symbolise le pouvoir au niveau de la commune.
Pourtant, «au jour d'aujourd'hui le président de l'Assemblée communale n'a aucun pouvoir d'intervention», dit-il. Pis encore, «il n'est même pas associé aux décisions qui concernent sa propre commune», témoigne Saïd H.
Les présidents d'APC tentent, en dépit de toutes ces entraves juridiques, de détourner la situation en faisant appel à des industriels qui souhaiteraient bien investir dans leurs communes respectives, selon lui. Les choses ne sont toutefois pas réglées pour autant puisque les investisseurs ont, de leur côté, «les mains liées au CALPI qui a l'autorité et le pouvoir de décision», déplore-t-il avant d'ajouter que «lancer une initiative d'adjudication pour une parcelle de terrain tombe, dans les conditions actuelles, facilement entre les mains des trabendistes au détriment du réel investisseur».
Il en est de même pour les taxes, relève notre P/APC qui condamne le fait qu'«un bien de notre collectivité nous revienne comme subvention, comme une aumône».


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