Algérie

Un électorat difficile à séduire



Un électorat difficile à séduire
La campagne électorale vient de boucler sa première semaine et chacun veut faire une évaluation de son impact sur l'électorat à travers les interventions des candidats qui ont discouru sans discontinuer. Si sur le plan plus ou moins officiel on reconnaît que la campagne n'a pas remué les foules, que les candidats et leurs représentants ont manqué de force de persuasion, que l'accueil des électeurs a été timide, le citoyen lambda a justifié son manque d'enthousiasme en reprochant aux candidats de développer des discours creux, des discours sentant le parchemin, tant ils sont rassasiés depuis longtemps déjà. Il leur reproche un manque d'imagination et, surtout, des programmes élaborés. « On se contente de nous faire des promesses qu'ils ne sauront pas tenir s'ils sont élus », a déclaré un citoyen constantinois interrogé, hier, par la radio. « Ils n'ont pas réussi à capter l'attention des électeurs pour les amener à se rendre aux urnes le 17 avril prochain et chasser le spectre de l'abstention qu'ils appréhendent fortement », a affirmé de son côté sur le plateau de l'émission hebdomadaire « Forum » de la radio un professeur à l'université de Constantine, spécialiste du droit constitutionnel.Est-ce le choix de la méthode d'approche utilisée par les candidats' Est-ce leur faiblesse intellectuelle et/ou politique ' Leur manque de persuasion ' « C'est tout à la fois », a répondu son collègue auteur d'une thèse de doctorat sur les partis politiques, tout en notant qu'en cette première partie de la campagne, le discours n'a pas été au niveau du poste convoité : celui de président de la République. Et une explication est avancée : 95 % des jeunes Algériens ne sont pas structurés dans des partis politiques, d'où l'absence chez eux de toute culture politique, du sens de l'Etat, etc. D'autre part, le citoyen n'est pas responsable du désintéressement de la chose publique et les responsables de cette situation sont les partis politiques qui s'absentent de la scène durant toute l'année puis viennent faire campagne avec des idées périmées et un discours désorienté. «Pour être écouté et accepté, il faut apporter des idées neuves et orienter son discours vers les couches de la population qui n'ont aucune attache partisane», a soutenu un des participants à l'émission.Mais la réponse pertinente est venue d'un groupe de citoyens d'un niveau culturel et politique conséquent, auquel nous avons demandé hier de faire l'évaluation de cette première semaine de la campagne. Et ils n'ont pas hésité à dire que si celle-ci n'a pas réussi à accrocher les électeurs c'est parce que ces derniers n'ont entendu aucun candidat ouvrir « les dossiers lourds » qu'ils espéraient voir débattus en profitant de cette opportunité. « Ces dossiers, nous a expliqué l'un de nos interlocuteurs, sont ceux de la corruption, de l'indépendance de la justice, du rôle de l'armée dans la politique. Il faut aussi que les candidats et les représentants des partis politiques se prononcent sur les questions de l'heure, comme les événements qui se passent à Ghardaïa ou l'ébullition constante sur le front social, etc. » Et son compagnon de compléter : « Comme ils ont été capables de faire valoir des programmes politiques savamment élaborés, les candidats se sont contentés de se tirer dans les pattes. Et ils n'ont pas su, ou pu, profiter de cette campagne pour approfondir le débat sur des questions essentielles comme l'alternance au pouvoir par les voies pacifiques, l'importance pour l'avenir de préparer cette alternance en commençant par tenir des élections propres et transparentes, etc.».




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