Algérie

Un dur retour après les années sombres du terrorisme



Un dur retour après les années sombres du terrorisme
Le repeuplement de ce village, abandonné durant une longue période, fait face à de nombreuses contraintes, dont l'accès à l'eau potable.Entouré de verdure, et pourtant abandonné, le village Tajnant est resté figé dans la sanglante époque de la décennie noire. Un cadre naturel paradisiaque, des milliers de pierres taillées éparpillées sur le sol et quelques murs encore debout témoignent de la vie paisible dont jouissaient les habitants de ce village, avant l'avènement du terrorisme. C'est sur une petite plaque rougeâtre, plantée au bord de la RN 38, reliant la commune de Seriana à celle d'Oued El Ma, sur laquelle est inscrit timidement «Tajnant». Elle témoigne encore, seule et fidèle, de l'existence du village. Elle nous invite à escalader une piste de moins de 2km qui le sépare de toute civilisation. Au bout du sinueux chemin, l'endroit se révèle soudainement au visiteur. Aucun signe annonciateur. Et le voilà ! «Tajnant», en Chaoui veut dire «Jardins». Une appellation des plus fidèles pour ce bout de paradis terrestre.Déserté et délaissé, le sol noirâtre, de par sa fertilité, n'est labouré que par les défenses fouineuses des sangliers de plus en plus nombreux qui peuplent la région. Une dizaine de maisons en ruine forment le c?ur du village. Seules deux habitations ont gardé leurs toits. L'unique maison construite avec des matériaux modernes est la propriété de Lazhar, notre guide et fervent militant pour la réhabilitation du village de ses aïeux. Il raconte, parcourant d'un pas nonchalant ces étendus d'Eden, la vie passée, la paisible vie d'antan. «Durant les années noires, les habitants ont été persécutés par les terroristes. Ils les ont forcés à déserter le village», a-t-il dit, presque choqué par ces propres paroles, la voix tremblotante, hésitante entre colère et nostalgie.Cette période récente, trop récente dans leur imaginaire collectif, représente pour les anciens habitants du village, une plaie qui ne s'est jamais refermée. En franchissant le pic qui domine le village, surgit une étendue de terres dominée par les vestiges d'un ancien poste de surveillance romain. «Ce sont les terres que cultivaient mes parents et leur parents avant eux. On vivait avec et par la terre. Maintenant tout est désert», s'est exclamé notre guide. Pour la première fois depuis des lustres, quelques habitants ont eu le courage de labourer quelques petites parcelles de terre, comme pour manifester leur désir d'y revenir, les produits de ces cultures étant insuffisants pour en faire commerce. Selon Lazhar, repeupler le village est le rêve auquel aspirent plus de 20 familles, mais pour ce faire, il faudrait l'intervention des différents organismes de l'Etat.L'eau source de toute vieAu projet de reconquête de ce village se dressent beaucoup de contraintes. La principale d'entre elles reste évidemment l'accès à l'eau potable. Le directeur des forêts de Batna, Abdelatif Gasmi, explique que dans le cadre du Projet de proximité de développement rural intégré (PPDRI), la direction des forêts a procédé au forage d'un puits, en aval du village, destiné à l'alimenter en eau. Or, ce dernier n'est pas fonctionnel, et pour cause, l'entrepreneur s'occupant des travaux a abandonné le site. «Nous lui avons envoyé une mise en demeure pour qu'il reprenne les travaux. S'il ne s'exécute pas, il y a toute une procédure à respecter avant de le remplacer. Les habitants devront se montrer patients», a expliqué notre interlocuteur. Quant aux suggestions des habitants concernant le déplacement du forage en amont du village, où il y a une source d'eau courante, ledit responsable rétorquera qu' «il y a une étude scientifique de fait sur l'emplacement du forage. On doit la respecter. Pour l'heure le vrai souci est de trouver l'eau sur le site choisi».En outre, le pompage de l'eau nécessite quant à lui le recours à l'énergie électrique. Seul hic, les lignes électriques ont été démantelées, il y a plusieurs années. Selon Lazhar, un nouveau traçage pour l'installation de nouveaux poteaux électriques a été fait, il y a plusieurs mois, mais aucune réalisation n'a suivi cette étude. Si les bonnes volontés ne travaillent pas en concours pour redonner vie à ce village, au train où vont les choses, plusieurs autres années seront nécessaires pour un retour des habitants. La politique actuelle d'encouragement de l'agriculture et de l'habitat rural a été mise, dans ce cas précis, en échec. Une plaie encore ouverte sur la décennie noire que représente ce village déserté ne cicatrisera pas d'aussi tôt. Se vanter d'avoir éradiqué la violence aurait-il un sens sans réparer les dégâts causés par cette dernière '




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