Algérie

Un drame sans fin



Des centaines de personnes, issues de différentes catégories sociales, tentent tous les jours la traversée de la Méditerranée à la recherche d'une vie meilleure. Face au drame, l'état demeure impuissant.L'épisode tragique qu'a connu l'Ouest du pays la semaine passée où dix harragas étaient repêchés par les gardes-côtes de la marine nationale et l'interception de près de 500 personnes qui s'apprêtaient à traverser clandestinement la Méditerranée vient rappeler, si besoin est, le rebond inquiétant du phénomène de la "harga".
Régulièrement, des départs massifs sont signalés. Le dernier en date est celui qui a vu l'arrivée sur les côtes espagnoles de près de mille personnes, à en croire la presse ibérique. Cette recrudescence de la traversée de la Méditerranée vient confirmer que ce "fléau" mortel est loin d'être une vague passagère. Il est structurel.
Il n'ast pas propre à l'Algérie ; il concerne un certain nombre de pays en proie à des crises multiformes. Cette "massification" du mouvement migratoire irrégulier s'accompagne par une mutation du profil des migrants.
Il ne touche pas seulement la catégorie des jeunes dés'uvrés, il draine également de nouvelles tranches d'âge et catégories sociales. De plus en plus de femmes risquent le pari en prenant des embarcations de fortune, emportant leurs enfants en bas âge.
Des spécialistes parlent aussi des personnes en situation sociale "aisée" qui traversent clandestinement les frontières maritimes pour rejoindre le Nord. La crise sanitaire qui contraint les pays à fermer leurs frontière aériennes, maritimes et terrestres n'a pas dissuadé les candidats à l'immigration. Il est à s'interroger si justement cette fermeture n'a pas été un accélérateur du phénomène.
D'autant que dans les pays de destination, les mesures de refoulement ou d'extradition sont comme suspendues en raison de la pandémie. C'est le cas de l'Espagne, pays fortement touché par le coronavirus, qui avait décidé de ne pas mettre les migrants ? arrivés clandestinement sur son sol ? dans les centres de rétention. Ils sont lâchés dans la nature.
Ce qui a sans nul doute créé un appel d'air. Il faut aussi dire que des deux côtés de la Méditerranée, les autorités publiques sont souvent dépassées par, à la fois l'ampleur du phénomène, mais surtout par la capacité des migrants et aussi celle des réseaux de passeurs à contourner les multiples "barrages".
"Les candidats à la migration et les passeurs ont toujours une longueur d'avance sur les gardes-côtes. Ils connaissent les failles, anticipent la réaction des polices et surtout maîtrisent les voies de passage", reconnaît un spécialiste de la question migratoire.
Il est évident que, jusque-là, les mesures de restriction ou de sanctions adoptées par les différents gouvernements peinent à mettre à un terme, du moins à réduire l'ampleur du phénomène. Les lois punitives semblent en tout cas insuffisantes comme en témoigne les candidats récidivistes.
Il faut dire que cette problématique n'est abordée que sous l'angle "sécuritaire", négligeant les multiples et complexes raisons qui conduisent de plus en plus de personnes à sauter dans la mer. Comme il y a lieu de préciser que le phénomène est transnational et qu'il ne peut être traité au niveau de chaque pays séparément.
Seule une coopération entre les gouvernements en associant les sociétés civiles et des spécialités qui depuis des années scrutent le phénomène que l'on peut réellement endiguer ce drame qui se joue en Méditerranée qui "avale" régulièrement des centaines de personnes.
Les Etats sont appelés en mettre en synergie leurs efforts et surtout à s'appuyer sur les travaux de recherche menés par des spécialistes qui n'ont cessé d'alerter sur la problématique de la migration qui doit être aujourd'hui plus que jamais inscrite au coeur des préoccupations majeures des politiques publiques.
L'Algérie, qui était dans un passé récent un pays de "transit", est devenue un producteur de migration clandestine. Pour cela, elle ne peut faire l'économie d'un débat national.

R. N.


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