Algérie

Un drame psychologique haletant



La salle Ibn Zeydoun s'est parée, lundi soir, de ses ambiances des grands jours en accueillant l'avant-première d'un film du réalisateur Marwane Lakhdar Hamina. Une avant-première dans une salle pleine. Chose bien rare ces derniers mois, a fortiori durant la période de Covid-19. Mais ce n'est pas tous les jours que la famille Lakhdar Hamina et celle de Yacef Saâdi soient réunies toutes les deux dans une même salle de cinéma.Une projection qui se tiendra, en outre, en présence de la nouvelle ministre de la Culture et des Arts arrivée en retard, car le film avait déjà débuté. Produit par le Centre algerien du développement du cinéma et Sunset Entertainment, ce court-métrage intitulé «Hypnotisia» (37) est un drame psychologique qui se veut un film expérimental avant tout. Balançant entre le noir et blanc ainsi que la couleur, le film de Marwane Lakhdar Hamina nous plonge constamment dans le doute.
Quand le moi profond se dérègle
Ce n'est pas un film ordinaire dans la mesure où le récit ne suit pas une linéarité classique mais oscille entre vérité et fiction, passé et présent ou ce qu'il semble être le présent. Le film commence par le décompte de l'hypnose et s'achève avec.
Le réalisateur brouille les pistes à tel point qu'on ne saura jamais où se situe la vérité.
Dounia (Dounia Lakhdar Hamina,Ndlr), l'héroïne du film travaille dans un centre de «déprime» où elle vient en aide aux gens en détresse phycologique. Elle a comme collègue un homme, alias le comédien Slimane Benouari.
Un soir d'apparence calme, alors que son collègue part diner, Dounia, une jeune femme dont le mari ne voit pas d'un bon oeil qu'elle travaille dans ce genre d'endroit, reçoit un coup de fil bizarre.
Un homme qui se révèle être un vrai psychopathe lui fait de sombres confessions. Il est sur le point de tuer une femme. Et de lui raconter toutes ses macabres forfaits. Ses cibles sont essentiellement les femmes. Cet homme dont on ne verra le visage qu'à la fin est poursuivi par ses démons.
Cet homme filmé tout au long du court métrage de dos, mais dont la voix d'outre-tombe accompagne le récit du film au bout du téléphone est interprété brillamment par le comédien Rachid Allaf. Ce dernier a l'habitude de jouer dans ce genre de film, notamment dans les anciens courts métrages d' Islem Guerroui qui aborde souvent l'horreur psychologique comme genre cinématographique de prédilection. Voila qu'un autre cinéaste DZ s'essaye lui aussi à ce format tout en réussissant le pari en tout cas de capter l'attention du spectateur. Face à sa psychologue incarnée par la belle et talentueuse Souha Oulha, le tueur en série, dont on ne sait s'il en est vraiment un, se confie jusqu'au moment fatidique...l'homme qui croit -on souffre de dédoublement de personnalité bascule vers le côté obscur....
Symphonia à corde de Salim Dada
Film profondément hitchcockien dans son approche filmique, «Hypnotisia» est rehaussé par la bande-son musicale signée par le maestro et compositeur Salim Dada qui réussit grâce à sa «symphonia à corde» à insuffler vie à l'âme du film en accompagnant chaque séquence clé dans le jeu des acteurs par la force de sa musique qui témoigne de la densité émotionnelle par laquelle évolue le film.
La musique est tout aussi sombre que le film a atteint son crescendo quand le crime se veut presque parfait...Bien que les comédiens surjouent par endroits, l'historie, elle, nous tient en haleine et nous pousse à l'interrogation.
Un film à voir et à revoir, surtout pour comprendre son fil ou plutôt en démêler le vrai fil de l'intrigue...Car, entre l'indice d'un foulard rouge ou d'une ellipse scénaristique, l'on se mêle parfois les pinceaux jusqu' à se perdre... Marwane Lakhdar Hamina aura au moins réussi une chose: amener le spectateur à réfléchir sur son film bien après que le générique de fin arrive.
Un film intéressant à regarder. Une bonne entrée en matière dans ce genre ô combien difficile chez nous.
La preuve...l'on regrettera la langue utilisée par le criminel dans le film qui sonnait parfois faux...une langue qui se voulait d'un arabe presque impeccable ou d'un étrange politiquement correct. Ou serait- -ce encore le vrai faux personnage du tueur qui n'arrivait pas à endosser entièrement son rôle' Dounia, elle, elle y croit dur comme fer. Ses mimiques et autres larmoiements un peu exagérés en sont tout de même la preuve qu'elle soit tombée dans le panneau. Mais alors quel rapport entretient-elle réellememt avec le criminel au fond' L'on ne saura pas vraiment répondre à cette question.....L'on ne saura pas non plus si tout ceci est vrai ou un fantasme, si tout ceci renvoie à des souvenirs enfouis ou le fruit de l'imagination du tueur...Mais ne dit -on pas que la réalité dépasse souvent la fiction' Et si tout cela était renversé pour qu'au final n'en faire qu'un' L'hypnose a en effet la faculté de débusquer la vérité en la faisant remonter dans le temps...
La réponse est sans doute dans la voie de cet abime bien tortueux, à l'image de l'escalier de cet immeuble...


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