Algérie

Un dossier « secret » relance l'affaire Ben Barka



Un dossier « secret » relance l'affaire Ben Barka
« Je suis persuadé que le corps a été rapatrié au Maroc, c'est Rabat qui détient la vérité », a déclaré à l'AFP Me Buttin, l'avocat de la famille Ben Barka. L'écrivain Georges Fleury, ancien des commandos de marine affirme détenir depuis 25 ans un rapport secret de la gendarmerie française renfermant des renseignements précis sur la bande de truands engagée par le Palais royal et soupçonnée d'avoir assassiné le leader du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste, l'opposant marocain, Mehdi Ben Barka. Georges Fleury dit avoir « rangé » chez lui le dossier sans jamais le rouvrir. « En le relisant, j'ai découvert que la justice, dès 1966, s'était intéressée aux Marocains à l'encontre desquels le juge d'aujourd'hui lance en vain des mandats d'arrêt internationaux. Je me suis dit que je ne pouvais plus garder tout cela pour moi. »Nouveau rebondissement ou énième brouillage des pistes ' L'avocat de la famille Ben Barka, Me Maurice Buttin déclarait dimanche au Journal du Dimanche (JDD) accueillir les révélations (tardives) de l'écrivain Georges Fleury avec « prudence, même si elles permettent de reparler de l'affaire et des mandats d'arrêt bloqués en haut lieu ». « Je suis persuadé que le corps a été rapatrié au Maroc, c'est Rabat qui détient la vérité », a déclaré à l'AFP Me Buttin, en rappelant les nombreuses thèses apparues ces dernières années autour de de la disparition du chef de file de la gauche marocaine, le 29 octobre 1965, boulevard Saint Germain, enlevé par deux policiers français : « Il y a un an, on a dit que le corps avait été dissous dans l'acide, dit l'avocat. Il y a deux ans, il était coulé dans du béton... »La thèse de l'incinération du corps de Mehdi Ben Barka ne tient pas la route, soutient l'avocat « historique » de la famille Ben Barka. « Ça ne me semble pas crédible, c'est une thèse de plus. Mais dans un dossier de 95 pages, on peut trouver des éléments intéressants, des personnes qui auraient pu savoir et participer. Il y a une chance sur cent mais il faut la tenter », a-t-il confié à l'agence Reuters.Les révélations de Georges Fleury, ancien de la « Guerre d'Algérie », converti en « historien amateur » interviennent 10 jours après que le parquet de Paris ait pris la décision de suspendre les 4 mandats d'arrêt internationaux émis par le juge Patrick Ramaël et dont deux visaient le général Hosni Benslimane, actuel chef de la gendarmerie royale marocaine et le général Abdelhak Kadiri, l'ancien chef des services de renseignement. Le fameux rapport déterré par Fleury et qui ne figure pas au dossier judiciaire, est constitué de procès-verbaux d'une enquête de gendarmerie de 1966, faisant état d'une possible incinération du corps de Mehdi Ben Barka par un habitant de Fontenay-le-Vicomte (Essonne), puis de l'immersion des cendres dans un étang, en échange de cinq millions de francs. Interrogé à l'époque, le mis en cause avait nié les faits. En fouillant une propriété à Villabé, les gendarmes de la brigade Mennecy, dans l'Essonne, auteurs de l' « enquête parallèle » auraient découvert « sur un tas de cendres, un bout de tissu et un morceau de cuir ». Bachir Ben Barka, le fils, s'est dit étonné par ces « révélations ». « Nous attendons à ce que ce rapport de gendarmerie, dont personne n'avait entendu parler, soit versé au dossier », a-t-il ajouté à l'AFP.


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