Exploitation des gaz de schiste, aspects financiers et sanitaires» est le thème d'une conférence-débat organisée, hier, par le Collectif national pour les libertés citoyennes (CNLC) à Alger-Centre.
Outre ces deux volets, les intervenants et l'assistance ont mis en exergue les contours politiques. Ils concluent que l'Algérie, avant de connaître une catastrophe écologique, subira d'abord une catastrophe économique. Pour eux, entreprendre l'exploitation des gaz de schiste n'est pas rentable et cache mal des visées géostratégiques.
Le dossier sur l'exploitation des gaz de schiste, un choix qui engage l'avenir des générations futures, est traité dans l'opacité par les décideurs algériens, estiment des membres du collectif. La société civile essaye de se mobiliser pour demander de plus amples explications et pour que le gouvernement soumette le sujet à un débat national, avec sollicitation d'experts, de spécialistes et d'universitaires. Ces derniers peuvent donner leur avis pour élaborer collectivement une politique énergétique nationale.
C'est dans ce cadre que le CNLC a organisé sa 2e conférence-débat et contribué à vulgariser les concepts. A souligner qu'aucun débat contradictoire sur l'exploitation des gaz de schiste n'a encore eu lieu.
Intervenant lors de cette conférence-débat, Ferhat Aït Ali, analyste financier, indique que l'exploitation des gaz de schiste répond à des considérations hautement politiques. Les Etats-Unis, sur le plan énergétique, veulent se désengager du Moyen-Orient en matière d'approvisionnement en hydrocarbures. Pour M. Aït Ali, l'Algérie n'a pas besoin d'exploiter les gaz de schiste.
Cette annonce, introduite dans le futur projet de loi sur les hydrocarbures, a pour objectif d'apaiser l'opinion publique. Selon le conférencier, les officiels, pour gagner la paix sociale, annoncent des découvertes, mais sans dire combien coûtera l'investissement. Le plus urgent pour eux est d'hypnotiser les Algériens car, dans l'imaginaire de ces derniers, «découverte de gaz est équivalent à augmentation de revenus».
L'Algérie dépense annuellement, en moyenne, 1800 milliards de dinars pour payer les salaires de la Fonction publique.
Si les recettes des hydrocarbures ne sont pas supérieures à 38 milliards de dollars, il se pourrait que le pays plonge dans un gouffre de problèmes sociopolitiques.
Cependant, insiste M. Aït Ali, les Américains ont porté leur intérêt sur les 60 000 milliards de mètres cubes d'eau douce que renferme la nappe albienne, partagée entre l'Algérie (qui utilise à présent seulement 5 milliards de mètres cubes), la Tunisie et la Libye. Pour l'orateur, l'exploitation des gaz de schiste n'est que le tamis qui veut cacher les disparités qu'il y a entre le nord et le sud du pays.
Dans le Grand-Sud algérien, qui compte 1,7 million d'habitants, il y aurait ainsi un sentiment d'injustice né de la mauvaise répartition des richesses nationales. La récente visite à Ouargla du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en dit long. Il avait déclaré que «la République est une». Lors d'une rencontre avec la société civile ouarglie, les ministres qui ont fait le déplacement ont annoncé le lancement de centaines de projets. Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, a même affirmé que «cette visite est un signal politique».
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Posté Le : 18/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mehdi Bsikri
Source : www.elwatan.com