Le capitaine Paul-Alain Léger, spécialiste de l'infiltration en temps de guerre, au centre du documentaire La Bleuite, l'autre guerre d'Algérie, de Jean-Paul Mari. Pan méconnu ou caché de la guerre d'Algérie, car occulté de part et d'autre des deux rives, la «Bleuite» constitua la plus vaste opération jamais montée par les services secrets français contre le FLN. Son objectif: infilter, noyauter, intoxiquer... pour détruire, de l'intérieur, le mouvement de libération. Voilà un documentaire qui risque de faire polémique à Alger. Comme le titre l'indique ? ?La Bleuite, l'autre guerre d'Algérie ? ?, de Jean-Paul Mari. Il a été diffusé la première fois au Fipa 2018 et concourt pour le meilleur documentaire français. Un film historique avec des témoignages marquants pour retracer une page sombre entre les nations française et algérienne... Mélangeant images d'archives, dessins et interviews, Jean-Paul Mari va pendant plus d'une heure nous conter l'histoire secrète de la «Bleuite» lors de la guerre d'Algérie. Et tout repose sur le créateur de cette importante affaire d'espionnage, le capitaine Paul-Alain Léger, ancien combattant de la guerre d'Indochine.En 1956, il demande son affectation pour combattre en Algérie. Il dispose alors des pleins pouvoirs lors de la bataille d'Alger. C'est lui qui est à l'origine de l'opération dite de «la Bleuite».
A l'origine, sept hommes qui fumaient et jouaient aux dominos dans un bar. Ces hommes, vêtus de bleu, vont donc donner le nom de «Bleuite» à l'opération militaire qui portera un coup dur à la résistance algérienne. Dans le documentaire, plusieurs anciens membres du FLN sont interrogés. Ils racontent tous qu'ils ont été victimes d'une technique psychologique de la part de Léger, consistant à faire croire aux prisonniers que des membres du FLN étaient dans le camp français avant de les relâcher. Parmi les témoins on retiendra l'ancien membre de la wilaya III historique, Salah Mekacher, aujourd'hui écrivain dans les montagnes de Kabylie, qui fut victime de la «Bleuite», torturé par les hommes du colonel Amirouche. Le documentaire se termine d'ailleurs sur une constatation effroyable de Mekacher. Selon lui, l'opération de la «Bleuite» a tué la jeunesse algérienne, neutralisant toutes les nouvelles têtes. Toujours selon lui, aujourd'hui, cette opération se ressent toujours car, «l'Algérie n'a pas réussi à se relever de la 'Bleuite''.»
De la casbah d'Alger aux maquis de l'ALN, la manipulation sophistiquée, imaginée par un ancien d'Indochine, spécialiste de la guerre psychologique, se solda par des purges au sein du FLN. Toute une génération de cadres et d'intellectuels qui fera défaut au pays à l'aube de son indépendance. Un documentaire important pour la mémoire, mais qui mérite d'être présenté à Alger pour établir la vérité.
[email protected]
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 31/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amira SOLTANE
Source : www.lexpressiondz.com