Algérie

Un dispositif "Ansej" new-look



Le nouveau dispositif dédié aux start-up, tel que présenté officiellement, s'appuiera également sur de fortes exonérations fiscales et un accès privilégié aux financements publics ; le tout arbitré par la lourde machine bureaucratique de l'Etat.Facilitations accrues, incitations fiscales à foison, accès privilégié aux financements... De par ses contours et son mode opératoire, médiatisée et louée à tue-tête ces dernières semaines, la nouvelle politique publique de soutien au développement des start-up semble se confondre en tous points avec l'ancien dispositif d'emploi des jeunes, mis en place au milieu des années 1990 et qui commence aujourd'hui à virer vers une banqueroute totale.
Un nouveau dispositif Ansej "version Tebboune" ; ce n'est, en effet, qu'à cela que pourrait être objectivement assimilée la nouvelle politique d'aide aux start-up, annoncée et vantée par le nouveau président de la République et son gouvernement.
Hormis "l'effet jargon" qui n'est pas sans participer d'une certaine intention démagogique, le concept de start-up dans le contexte économique national ne correspond, faut-il l'admettre, qu'à la simple idée de création de microentreprises, comme celles que prévoient déjà les dispositifs coûteux et boiteux de l'Ansej et autres politiques de microcrédits, présentées comme à même de favoriser la résorption du chômage.
Or, les start-up étant par définition des entreprises naissantes et innovantes notamment dans les secteurs des nouvelles technologies, il est peu plausible de concevoir dans le contexte économique actuel l'émergence réelle en Algérie d'un tissu d'entreprises compétitives sur ces marchés très fermés, où très peu d'acteurs parviennent encore à se faire une place, y compris dans les pays les plus avancés.
S'il est assurément opportun et même primordial d'ouvrir la voie à l'innovation et d'?uvrer à libérer l'initiative économique pour créer des niches de compétitivité et diversifier l'économie, il est néanmoins peu pertinent d'asseoir une telle stratégie sur des disposifs publics lourds et centralisés ; gérés administrativement par un Etat qui fait à la fois office de principal acteur et d'unique régulateur de la sphère économique.
En mettant en place tout un édifice administratif centré sur un département ministériel et un ministère délégué pour mettre en ?uvre une possible stratégie de développement de start-up, le gouvernement semble reproduire tout simplement les mêmes logiques de gouvernance observées par le passé pour la création de dispositifs lourds, coûteux et inopérants de soutien à l'emploi.
Comme pour le dispositif Ansej, qui affiche aujourd'hui un bilan d'impayés bancaires très lourd pour un apport à l'emploi et à la productivité très faible, voire insignifiant, le nouveau dispositif dédié aux start-up, tel que présenté officiellement, s'appuiera également sur de fortes exonérations fiscales et un accès privilégié aux financements publics ; le tout arbitré par la lourde machine bureaucratique de l'Etat.
Reste à savoir, en définitive, comment des start-up réellement innovantes et créatrices de valeur ajoutée pourront concrètement naître et grandir dans un environnement économique marqué par un grave archaïsme bancaire et boursier ; des infrastructures de télécommunications et d'internet encore sous-développées et des procédures administratives des plus contraignantes pour la création et le développement des entreprises.

Akli Rezouali


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