Algérie

Un discours haineux et contre-productif: Le Maroc s'en prend violemment à l'Algérie



La tournée de l'émissaire spécial de l'Onu pour le Sahara Occidental dans la région, Christopher Ross, reçu jeudi à Tétouan, par le roi Mohamed VI, s'est accompagnée par un brusque durcissement du discours officiel marocain à l'encontre de l'Algérie.

La tendance à attaquer publiquement et durement l'Algérie a précédé la visite de Christopher. Le Maroc a déjà pris prétexte du fait d'avoir été tenu à l'écart de la réunion des pays du Sahel sur le terrorisme qui s'est tenue à Alger, pour se livrer à une première diatribe. La question du terrorisme étant sensible chez les Occidentaux, le Maroc a choisi de dénoncer dans cette mise à l'écart une «réaction négative des autorités algériennes» et a regretté une «attitude d'exclusion face à une menace pourtant commune et identifiée…». Selon les Affaires étrangères marocaines, Rabat avait souhaité y participer mais avait été éconduit par Alger qui, se fondant sur une stricte approche géographique, considérait que le Maroc n'y avait pas sa place. Le passage de M. Christopher Ross par le Maroc, qui s'est abstenu de faire de déclaration, a été une occasion saisie par le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri, pour passer à un cran supérieur en se livrant à une virulente attaque contre l'Algérie. Dans la continuité du Roi Mohamed VI qui aurait, selon l'agence marocaine de presse MAP, affirmé que le référendum est «définitivement écarté», le ministre de la Communication marocain a accusé la diplomatie algérienne d'entraver les négociations avec le Polisario. M. Naciri a affirmé que l'Algérie était «l'un des principaux blocages de la construction maghrébine et, plus grave, de la sécurité maghrébine».

 Le thème sécuritaire est de nouveau invoqué, dans une logique propagandiste, pour laisser entendre que l'Algérie nuit à la coordination des actions contre le terrorisme. La presse marocaine, elle, reprend la vieille - et infondée - assertion selon laquelle les camps de réfugiés de Tindouf seraient des viviers potentiels du terrorisme djihadiste. Il est clair que le Maroc n'a pas supporté de ne pas être convié à Alger pour la conférence régionale sur la «lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière». Rabat escomptait, apparemment, qu'une présence dans la capitale algérienne autour d'un thème régional constituerait une reconnaissance de fait ou par effraction de son autorité sur le Sahara Occidental.

Dépit royal, propagande stérile

De toute évidence, et en arguant formellement de la géographie, tellement importante dans le cas du Sahara Occidental, Alger n'a pas voulu laisser place à une équivoque qui aurait été exploitée par une diplomatie marocaine qui fait feu de tout bois. «Que l'Algérie ait pris soin d'empêcher le Maroc de participer à la réunion consacrée à la sécurité dans la région sahélo-saharienne montre que le comportement de la diplomatie algérienne est d'une stérilité historique et inégalée», a déclaré Khaled Naciri.

 La vigueur des attaques anti-algériennes de Khalid Naciri, qui est également porte-parole du gouvernement, laisse transpirer un grand dépit sur fond de réflexe propagandiste habituel. Sur le fond, les Marocains font face, dans le cadre des discussions informelles, à des Sahraouis qui ne renoncent pas à ce qui a été déjà décidé par les résolutions du Conseil de sécurité : le référendum d'autodétermination. Et, contrairement à ce qu'affirme le roi marocain, visiblement mal inspiré, dans les décolonisations le principe du référendum n'est pas contestable. Les dirigeants marocains semblent enragés par le fait que malgré le soutien des Occidentaux, les dirigeants sahraouis ne transigent pas, par conviction et par une appréciation de leur intérêt. Ils choisissent d'invoquer une vieille explication : ce serait l'Algérie qui entraverait le plan d'autonomie que les Sahraouis seraient prêts à accepter.

 Le problème de Rabat est qu'au Sahara Occidental, des Sahraouis, loin de toute «influence» algérienne, réclament leur indépendance et se font emprisonner et torturer par les services marocains. Le discours agressif des dirigeants marocains est de toute évidence contre-productif… et stérile.




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