Dans son livre, l'auteur se propose de disséquer l'ensemble des phases de l'économie algérienne en passant par l'«édification» jusqu'à la «consolidation libérale». Dans ce «bilan d'étapes», la sentence de M. Boudjema est édifiante. «L'Algérie se cherche depuis près d'un demi-siècle maintenant. Et dans sa quête de destin, elle a pris des voies complémentaires, tantôt contradictoires avec sinon des pannes du moins une vulnérabilité récurrente (…) Dans l'ensemble de ces étapes, le fonctionnement du système économique algérien sent régulièrement l'odeur du pétrole que de la sueur productive du peuple», écrit l'auteur dans la quatrième de couverture.
Volumineux, cet opus est composé de trois volumes subdivisés en plusieurs chapitres.
Le premier traite de l'économie nationale du temps de «l'Etat administrateur» jusqu'à «l'Etat correcteur», une période qui s'étale de 1962 à 1988. «Fort de son aisance financière des années 1970, l'Etat procède, à partir du boom d'investissements, à la construction d'un secteur public puissant qui ne pouvait, en raison de la nature de son financement même, lui faire éviter à terme la question de sa déconstruction», note encore l'auteur de l'ouvrage. L'appareil économique était, selon lui, «conçu selon une logique systémique qui tente d'ignorer le marché et les lois, voire les déterminants de la productivité, de la compétitivité». Du coup, explique-t-il, «est-il inutile d'espérer qu'il promeuve une capacité de s'autoreproduire». Le second volume passe en revue la période 1989-2010, «des accords de l'Algérie avec le FMI» jusqu'à «la relance autonome du développement».
«Le rééchelonnement de la dette extérieure sanctionne en général l'échec d'une politique économique. Celle-ci a démarré dans les années 1970 sur l'idée erronée de la possibilité d'acheter plutôt que de construire un système productif», souligne M. Boudjema. C'est qu'à l'époque, l'Algérie avait fait fausse route en matière de choix économiques. Le troisième et dernier volume aborde les «contraintes majeures du développement et les tares de la logique rentière». Dans ce volume, l'universitaire revient sur les problèmes fort nombreux et complexes auxquels sont confrontées les entreprises algériennes ainsi que les banques. En outre, il évoque le poids contraignant de la sphère informelle et de la corruption. L'universitaire lève le voile sur l'une des plaies de l'économie nationale : sa forte dépendance aux hydrocarbures. «La rente pétrolière qui devait àªtre une courte passerelle sur le long chemin de la production d'un surplus… demeure le mode de financement autonome permanent de la transformation structurelle nationale.
En Algérie, la rente a permis d'acheter les moyens de développement… comme ressources premières d'un pouvoir national. Mais elle n'a pas pu ou su donner à ce pouvoir naissant ses fondements véritables par la production d'un surplus, comme preuve et moyen sinon de son extinction du moins de la réduction de son rôle et de son poids dans le façonnage économique et social national», observe-t-il. En conclusion, ce docteur en économie considère que «l'Algérie a trop longtemps confondu entre l'achat de la modernisation et la production d'un processus de développement». Rachid Boudjema a une longue expérience dans l'enseignement universitaire et supérieur. Consultant auprès de plusieurs institutions, il est l'auteur de nombreuses publications dans le domaine du développement.
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Posté Le : 12/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hocine Lamriben
Source : www.elwatan.com