Algérie

Un défi sahélien


Le Conseil de paix et sécurité (CPS) de l'Union africaine devait consacrer, hier, une réunion à la situation de crise au Tchad depuis que des manifestations, à l'appel de partis de l'opposition protestant contre la prolongation de deux ans octroyée au général Mahamat Idriss Déby comme président d'une transition dont la durée a été également étendue, ont été violemment réprimées, le 20 octobre dernier, faisant plus de 50 morts et 300 blessés. Les 15 membres de cet organe décisionnel de l'UA, chargé de la prévention, de la gestion et des règlements des conflits dans le continent devaient se pencher sur ces récents développements tandis que les leaders des deux mouvements politiques à l'origine des rassemblements, Les Transformateurs et Wakit Tamma, alertent l'opinion internationale sur des «persécutions», des «exécutions extra-judiciaires» et des arrestations en grand nombre tout en se cachant «pour leur propre sécurité». Ils affirment en outre avoir saisi la Cour Pénale Internationale (CPI) pour mener des enquêtes sur ce qu'ils qualifient de «crimes contre l'humanité». Pour sa part, le pouvoir de transition a suspendu les activités des partis incriminés et décrété un couvre-feu.À la mort d'Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en avril 2021, son fils Mahamat a été proclamé par un conclave de généraux président pour une période de transition de 18 mois au terme de laquelle promesse avait été donnée à l'UA de tenir des élections libres pour restituer le pouvoir aux civils. Après de longues et difficiles tractations avec plusieurs mouvements rebelles à Doha, au Qatar, Mahamat Déby a organisé en octobre dernier un dialogue de réconciliation national boycotté par les trois principaux groupes rebelles qui l'ont qualifié de «mascarade» mais au bout duquel il a été «décidé» que la transition durera deux ans et que le général Déby se présentera à la future élection présidentielle, malgré son engagement initial.
Si la Convention tchadienne des droits de l'homme (CTDH) affirme l'arrestation de plus de 600 personnes depuis le 20 octobre, l'Organisation mondiale contre la torture parle, elle, de plus de 2000 détenus dans deux prisons de haute sécurité, loin de N'Djamena. Le gouvernement tchadien, pour sa part, accuse les manifestants d'avoir «planifié une insurrection», avec l'aide d' «une puissance étrangère» qu'il n'a pas précisée. Il justifie la réaction brutale des forces de l'ordre par le fait que les émeutiers voulaient saccager les institutions.
Cependant, le Premier ministre Saleh Kebzabo, ex-ténor de l'opposition nommé par le président Déby, a indiqué mardi dernier que son gouvernement souscrit au principe d'une «enquête internationale» sous l'égide de «partenaires» du Tchad.
C'est dans un tel contexte que le CPS doit débattre de l'attitude et des décisions à prendre face à la tournure des évènements sachant que, dans des pays de la région sahélienne comme le Mali et le Burkina, la Cédéao n'a pas hésité à infliger des sanctions économiques extrêmes, en pleine période de pandémie de Covid-19 dont les populations concernées subissent encore les
stigmates.
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