Algérie

Un défenseur de la patrie et de l'écologie



L'homme n'a rien à voir avec le personnage de Hans Schiller du « Village de l'Allemand » de Boualem Sansal dont l'engagement servait à faire oublier et cacher un passé peu honorable. Résistant dès son jeune age, il rejoint, en été 1956, le Maroc pour s'engager dans les rangs de la révolution par conviction. La vie de ce patriote a été retracée lors d'une journée commémorative organisée, hier, au forum d'El Moudjahid par Machaâl Echahid et l'Association des amis du Tassili, en présence de l'ambassadeur d'Autriche, de l'ex-président de l'APN, Karim Younès, de l'ex-membre du GPRA, M. Khène. Dans la salle, le colonel à la retraite Hocine Senouci, vice-président de l'Association des amis du Tassili, a lu pour l'occasion un message de Dahou Ould Kablia, président de l'association des anciens du Malg. Le ministre de l'Intérieur a rendu hommage « à cet ami de coeur de l'Algérie qui s'était impliqué à fond dans le combat par la pensée et l'action et qui a opté pour la nationalité algérienne ». « Malgré la suspicion légendaire de Boussouf, témoignera M. Ould Kablia, il intégrera cet homme qui s'occupera surtout à partir de 1958 d'action psychologique ». Le journaliste Mohamed Abbas a évoqué ensuite la mission essentielle de Muller qui, en rédigeant des tracts et en lançant des appels en direction des légionnaires d'origine germanique, a pu pousser près de 4000 d'entre eux à déserter pour rejoindre leurs familles par l'entremise de la Croix rouge internationale (CICR). Citant Ali Haroun, membre du comité fédéral de la fédération de France, il dira que « plusieurs d'entre eux ont rétabli le contact à Cologne avec les réseaux du FLN et ont relaté leurs expériences et les exactions de l'armée coloniale dans un bulletin de soutien à l'Algérie en lutte ». L'autre engagement Après l'Indépendance, M. Muller, qui avait embrassé l'islam, s'engagea dans un autre combat, celui de la défense et de la protection de la nature qui avait souffert autant que les hommes. Il occupera des postes au ministère de l'Information, et de la Jeunesse et des Sports. « Ils seront surtout des tremplins pour développer les sports de montagne et de vulgariser ses expériences en matière d'acclimatation des espèces végétales et des croisements d'espèces animales ». Amoureux des grands espaces, l?homme dirigera le parc national du Djurdjura de 1979 à 1983. Sid-Ahmed Kerzabi, de l'association des amis du Tassili qui s'est associée avec Machaal Echahid pour évoquer cette figure attachante au parcours atypique, évoquera surtout ses expériences de régénération d'une espèce menacée de disparition dans le grand sud. « Grâce à lui, des cyprès du Tassili appelé en Tamashaq tarout, ont été plantés ». Ce grand passionné de la nature et des espèces vivantes a, par ailleurs, tourné de nombreux documentaires pour le compte de l'ENTV et de l'ENPA, afin de vulgariser les richesses de notre pays et avertir des risques sur les écosystèmes. Il parlera d'un homme à la vocation forestière affirmée qui, au lendemain de l'Indépendance, « a voulu partager avec sa patrie choisie les joies et les épreuves de la reconstruction, prenant part au retour des réfugiés en Algérie ». Le destin de Muller est une leçon de clairvoyance et d'humanisme. Le P-DG d'Horizons, Larbi Timizar qui a connu l'homme de près a affirmé que « son engagement pour la cause algérienne n'était pas un hasard, mais une suite logique et naturelle, car cette cause était juste ». L'ambassadrice d'Autriche a rappelé que « Muller dont il faut connaître et écrire l'histoire n'avait pas renié sa patrie d'origine et avait contribué au raffermissement des relations avec l'Algérie ». « Ce résistant contre le nazisme, ajoutera-t-elle, nous apprend que l'homme est responsable de ses actes et qu'il peut changer les choses en apportant sa contribution ». Dans la salle, a pris place Rachida Muller, sa fille qui nous dira sa joie et sa reconnaissance aux organisateurs de cette journée commémorative. Le colonel Senouci a proposé de se « rendre en pèlerinage sur sa tombe pour se recueillir et élever une stèle ». Au cours de cette rencontre, il a été évoqué, également, la mémoire d'un autre Autrichien, ami et soutien de l'Algérie pendant et après la Révolution, Raimar Holzinger dont le fils, venu spécialement de Vienne, était présent au Forum.


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