Algérie

Un débat sur la "bulle carbone" bouscule les certitudes fossiles algériennes



Un débat sur la
Des fonds d'investissements internationaux qui pèsent lourds mettent en garde contre le risque d'une « bulle carbone ». De quoi ébrécher les « certitudes fossiles » des responsables algériens.L'économie algérienne est connectée au monde de manière presque exclusive par les ressources hydrocarbures, par les recettes qu'elles procurent et les importations qu'elles permettent. Les dirigeants du secteur pétrolier, comme cela a été montré lors de la convention sur l'énergie organisée par le FFS, continuent de proclamer leur « foi » dans l'avenir de l'énergie fossile. Ils adhérent essentiellement aux thèses globalement dominantes de la dernière décennie sur la poursuite de la croissance de la demande en énergie fossile au cours des 20 prochaines années, période où les prix du pétrole devraient demeurer élevés.
Or, ces certitudes tranquilles commencent à être battues en brèche, non par des écologistes, mais par de puissants groupes financiers (investisseurs, fonds de pension) pesant des trillions de dollars qui mettent en garde contre la « bulle carbone ». Une alerte relayée, au début de ce mois, par Al Gore, l'ancien vice-président des Etats-Unis qui affirme que le monde va vers la « plus grosse bulle financière jamais vue dans la finance ». Ces investisseurs de poids alertent sur le risque d'investir pour des ressources qui seront inexploitables et resteront des réserves de combustibles fossiles non utilisables (en anglais : unburnable carbon). Les investissements en capital dans les entreprises pétrolières ' qui représentent jusqu'à 30% des actifs boursiers ' risquent de devenir aléatoire du fait de la conjugaison des politiques de limitation des émissions carbones et une croissance mondiale basse. Un message pris au sérieux par les compagnies pétrolières, même si elles ne s'expriment pas sur le sujet, mais aussi par les grandes banques.
Vers un ralentissement des investissements
Ces mises en garde récurrentes annoncent, à moyen terme, un consensus sur le ralentissement des investissements dans le secteur des hydrocarbures. Les gestionnaires de fonds d'investissements importants intègrent désormais le fait qu'il serait désormais impossible de consommer les combustibles déjà comptabilisés en actifs sur les bourses financières sans dépasser le seuil fixé par la communauté internationale d'une hausse de deux degrés centigrade de la température moyenne globale d'ici 2050. Au-delà, les scientifiques évoquent des scénarios catastrophiques pour l'humanité avec des milliards de personnes privées d'eau potable et une agriculture impossible dans certaines régions.
Le message fondamental réitéré est lourdement significatif : les réserves prouvées d'énergie fossile (charbon, pétrole et gaz) sont déjà plus importantes que ce que peut l'atmosphère peut absorber si l'on entend respecter un réchauffement global inférieur à la limite maximale de 2°. De ce fait, les combustibles fossiles non-utilisables ne correspondent plus à des actifs réels et pourraient se transformer en non-valeurs, en passifs financiers. D'où la « bulle » sans précédent annoncée par Al-Gore dont l'éclatement serait plus dévastatrice que la grande crise financière de 2008. Le fait nouveau et remarquable est que ces alarmes sont le fait de financiers qui écrivent directement ' et publiquement - aux grandes compagnies pétrolières pour les mettre en garde contre un excès d'investissement dans les énergies fossiles. Et, ainsi que le constate un économiste algérien, "en la matière ce sont les analyses financières qui sont décisives, le reste n'existe que pour les légitimer".
Des plans sur la comète schiste
Du coup, l'optimisme fossile des responsables algériens et les plans sur la comète schiste pourraient être rattrapés par ce nouveau « consensus » qui se met en place. Et redonne une pertinence économique et stratégique aux énergies renouvelables qui, ainsi que l'a souligné, Tewfik Hasni, expert en énergie et ancien vice-président Aval de Sonatrach, à la web radio de Maghreb Emergent, sont en train de devenir l'alternative aux hydrocarbures fossiles dans le monde et plus particulièrement dans les pays développés. Elles devraient peser pour 80% dans le mix énergétique de ces pays développés dans les années 2040. Pour lui, il est urgent d'aller vite dans ce créneau afin d'exporter de l'électricité verte vers le marché européen. « Elle peut être sa future source de revenus à la place du gaz naturel, quand les réserves se seront asséchées ». Mais, Sonatrach qui doit investir ce créneau, « doit donner dès maintenant des signes au marché européen que nous pouvons être présents au rendez-vous ». Le débat ouvert dans le monde sur la « bulle carbone » est un argument de plus. Pour Tewfik Hasni, c'est une combinaison du gaz et du solaire qui est la solution. Cet expert a évoqué un coût possible de 10 dinars le kilowattheure produit à partir du solaire combiné à du gaz récupéré sur les torchères du sud. Le cout actuel du kilowattheure conventionnel serait de 6 dinars. Un écart, relativement peu important, qui justifierait l'investissement alors que les probabilités d'un recul des investissements des grandes compagnies dans la prospection dans les hydrocarbures fossiles deviennent de plus en plus fortes.


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