Algérie

Un débat sans vis-à-vis



Un débat sans vis-à-vis
Le débat autour de la révision constitutionnelle prend forme. Le texte proposé par la présidence de la République ne plaît pas à tous les acteurs politiques. Beaucoup y trouvent des omissions alors que d'autres y trouvent des ajouts inutiles. La nature du régime ne fait pas et ne fera pas consensus y compris après son adoption par le Parlement ou par référendum. La place de la lutte contre la corruption n'est pas dans la Constitution, affirment des puristes. Il est vrai que ce fléau a pris une telle ampleur que certains parlent de corruption socialisée. Cependant, ce phénomène devra être combattu et réduit. Il est donc appelé à disparaître. Que fera-t-on d'un passage qui relève de la loi dans ce texte fondateur de la Nation algérienne. La réconciliation nationale et sa place dans la Constitution font également débat. Il s'agit d'un trauma profond qu'a connu le peuple algérien mais il ne s'agit pas, aux yeux de certains, d'un acte fondateur de la Nation. Il s'agit au mieux d'un dogme qui a permis aux uns et aux autres de tourner une page douloureuse et de passer à autre chose. Le droit de saisine du Conseil constitutionnel à une minorité d'élus n'est pas considéré comme une réelle avancée. La liberté de culte est contestée par les courants les plus conservateurs. Pratiquement tous les articles sont critiqués et disséqués. Les oppositions se font jour et les lignes de fractures idéologiques réapparaissent.Il en va de même pour ceux qui se disent opposés à tout débat avec «les tenants du système». Leurs critiques portent sur la nature du régime et comment le dépasser. Il s'agit bien de Constitution qu'ils parlent. La seule différence est dans la manière dont ils souhaitent en changer. Pour eux le changement doit se faire sans les partis de la majorité et les institutions en place. Elle doit pouvoir être écrite par une «instance de transition» dont on ne sait sur quels critères et par qui seront choisis les membres. Cette attitude «révolutionnaire» est due pour certains à la situation de crise que vit le pays. Une crise de légitimité, économique et identitaire, expliquent-ils. Pourtant, les citoyens continuent à vaquer à leurs occupations et les institutions «mal élues» continuent à accomplir leurs missions constitutionnelles sans que cela ne soit contesté par les Etats ni par les citoyens.Il s'agit donc d'un dialogue de sourds entre adversaires qui veulent à peu de choses près la même chose : l'éviction de l'autre du pouvoir. Cet objectif politique ne fait pas consensus dans la société algérienne qui en a réellement marre de ces clivages destructeurs. Le fait d'occulter l'autre ne permettra pas sa disparition. Le fait que les uns et les autres n'arrivent pas à trouver un dénominateur commun pour arriver au pouvoir, en déterminer sa nature et sa place, les droits et devoirs de chacun, qu'elle soit institution, femme ou homme, font de la classe politique algérienne l'une des plus discréditée du continent.Si les Algériennes et les Algériens boudent les élections cela est dû plus à l'offre politique qu'à un désintérêt de la chose publique. Presque plus aucun homme politique ne trouve grâce à leurs yeux. Aucun message en provenance de partis en mal de militants n'est accepté ou reconnu comme étant essentiel pour le futur.Débattre sans se regarder dans les yeux et en excluant les citoyens n'est pas la bonne méthode. Il s'agit de l'avenir de plus de 37 millions d'Algériens. Il ne s'agit pas d'un jeu de chaises musicales sans importance pour le pays. Alors de grâce, mesdames et messieurs, membres de la société civile, des partis politiques et les personnalités, pensez à vos concitoyens quand vous prenez des décisions. Ce sont eux qui en ressentiront les effets et pour longtemps.A. E.




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