Algérie

Un débat qui accentue le flou


Le débat économique national se résume, ces derniers temps, à la seule question de la privatisation des entreprises publiques, alors que la situation du pays suggère une multitude d'autres questions auxquelles est subordonné l'avenir du pays. Le débat enclenché par la tripartite du 23 décembre dernier sur le partenariat public-privé (PPP) ne semble pas près d'être clos. Pis encore, ce débat accentue le flou sur la démarche que le gouvernement entend adopter. Le coup d'envoi des hostilités a été donné par le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, qui s'est prononcé contre la privatisation des entreprises publiques stratégiques en déclarant que son parti reste un défenseur acharné du secteur public qu'il considère comme stratégique.Mieux encore, c'est bien le FLN, majoritaire à l'Assemblée, qui avait validé l'article 66 de la loi de finances 2016 qui avait créé pour la première fois une "minorité de blocage" à hauteur de 34% du capital, qui restera entre les mains de l'Etat en cas de privatisation d'une entreprise publique. Les privatisations n'ont pas bonne réputation en Algérie, le FLN se devait de surfer sur cela.
Ce qui fait que de nombreux observateurs ont inscrit cette déclaration du SG du FLN dans le cadre de la rivalité politique qui oppose les deux partis de la majorité gouvernementale à l'approche de l'échéance présidentielle prévue en 2019. Beaucoup plus logique, le Parti des travailleurs se dit complétement opposé à la privatisation des entreprises publiques. Le PT est persuadé que l'action enclenchée après la signature de cette charte pour le PPP visait ni plus ni moins la liquidation des grandes entreprises publiques. Un "prétendu PPP" qui veut tout simplement dire, selon Mme Hanoune, "privatisation, pillage et prédation". La privatisation a trouvé un défenseur en la personne de l'ancien ministre de l'Industrie, Hamid Temmar, qui, dans un entretien accordé à TSA, s'est dit "étonné de voir l'atmosphère s'enflammer de cette façon à l'idée de privatisation, notamment dans la situation actuelle, et d'entendre des arguments qui datent des décennies passées, des arguments qui restent sans appui sur la réalité".
Selon lui, "les oppositions sérieuses à la privatisation viennent de deux catégories de groupes. Il y a ceux qui tirent un intérêt immédiat de l'existence de ce secteur et souhaitent donc que l'Etat continue à financer les entreprises. Il y a, par ailleurs, ceux qui, sincèrement ou par idéologie, craignent la prise en main de l'économie et, ainsi, du pouvoir politique par le pouvoir de l'argent". Entre détracteurs et défenseurs de la privatisation, le ton monte. Mais au final, qu'en ressort-il ' D'abord, l'option de la privatisation n'a, à aucun moment, été remise en cause. Même la directive de la présidence de la République, interprétée comme un coup d'arrêt au processus, n'a fait que réaffirmer ce qui est déjà établi par la loi, à savoir l'aval en dernier lieu de la présidence de la République. Comment donc expliquer toutes ces gesticulations ' Tout porte à croire que l'enjeu principal n'est pas tant la privatisation, mais plutôt à qui elle va profiter.
En effet, à travers la privatisation se profile aussi la distribution de la manne financière. Et tout un chacun, selon sa chapelle idéologique ou son centre d'intérêt, aborde ce processus de privatisation.
Saïd Smati
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