Algérie

Un débat d'école


En décriant publiquement la mauvaise gestion des écoles algériennes, M. Benbouzid fait-il aussi son autocritique ' Il est, en effet, le ministre du secteur et, à ce titre, rien de ce qui touche aux régulations économiques ou humaines de la sphère de l'éducation ne pourrait et ne saurait lui être étranger. A plus forte raison, les dysfonctionnements sur lesquels il était possible à son département d'agir pour nourrir la réforme de l'école de sa nécessaire dimension sociale sans laquelle la pédagogie ne remplit ni le ventre ni l'esprit. D'aucuns pourraient voir dans les propos du ministre un aveu d'échec dans la mesure où la mauvaise gestion a été possible toutes ces années sans effort institutionnel pour la contrecarrer. Mais sans doute, aussi, le propos doit-il être relativisé, car pour l'école algérienne, comme en toutes choses par ailleurs, tout n'est pas seulement noir ou totalement blanc. Il y a des nuances qui sont celles de la vie et c'est à l'évidence ce qu'exprime la demande du corps enseignant : de meilleures conditions de travail et de rémunération, l'un n'allant au demeurant pas sans l'autre. A cette demande s'ajoute un déficit de sérénité qui rend pratiquement impossible toute amorce de dialogue entre le ministère de l'Education et des syndicats d'enseignants dont la représentativité est battue en brèche par la tutelle. Mais dans tous les cas de figure, de l'école au lycée, ce sont tout de même ces enseignants, inscrits dans cette action syndicale, qui sont au contact de centaines de milliers d'élèves algériens. N'est-ce pas alors une mauvaise réponse à un vrai problème que de pratiquer à leur encontre un déni qui ne leur laisse que la ressource de l'affrontement ' Le constat de mauvaise gestion ne se suffit alors plus à lui-même s'il n'est pas accompagné d'une volonté d'en corriger les effets les plus potentiellement dévastateurs. Et c'est à ce niveau que se situe l'enjeu lourd de la réforme de l'école qui ne peut pas être un acte univoque, mais doit disposer des moyens d'un partenariat dynamique et obligatoirement intellectuel avec le corps enseignant dont le devenir est symétrique à celui des élèves et donc des enfants algériens. Face à un tel enjeu, la panacée n'est pas dans les comptes d'apothicaire, mais dans l'évaluation de la transmission du savoir, en amont et en aval de l'école, à son juste, à son digne prix.
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