Toute hausse de prix d'un produit de large consommation n'est jamais une bonne nouvelle et c'est sans gaîté de c'ur qu'El Watan a informé ses lecteurs de sa décision de porter le journal à 15 DA.
Mais continuer de vendre le quotidien à 10 DA c'est s'empêcher d'aller de l'avant dans la qualité, c'est-à-dire dans le professionnalisme et l'indépendance éditoriale. C'est également ne plus permettre aucun développement. Il s'agit donc aujourd'hui principalement de dépasser la situation des difficultés financières née du renchérissement des deux coûts principaux que sont la hausse du papier journal et l'évolution de la masse salariale. Ces postes, ces dernières années, ont flambé : la pâte à papier dans le sillage de la crise mondiale et les dépenses salariales à la faveur des augmentations décidées tant au niveau étatique qu'au plan interne. Les factures de l'impression accompagnées de celles de la distribution et de la vente du journal dans les kiosques ainsi que les salaires de ses 220 salariés et de ses 80 collaborateurs, El Watan a dû les honorer en puisant pour un tiers dans le produit des ventes et pour les deux autres tiers dans les recettes publicitaires.
Le choc a été un temps amorti par l'embellie du marché publicitaire et dans une moindre mesure par la hausse constante du tirage. Mais cela a été de courte durée. Ce fut la rupture à partir de l'année 2008, avec la chute brutale du marché publicitaire à l'échelle nationale, affectant l'ensemble des médias du pays. Elle se prolonge jusqu'à ce jour, contraignant les responsables d'El Watan à réduire la pagination du journal à 28 pages. Et puis, un autre poste a pesé : la mobilisation de moyens financiers nécessaires à l'acquisition de rotatives de presse. Un choix a été pris fin des années 1990, l'indépendance en matière d'impression par les deux quotidiens El Watan et El Khabar liés par un partenariat stratégique. Cinq machines ont été importées d'Allemagne, installées à Alger, Oran, Constantine et Ouargla. Les lourds emprunts bancaires auxquels ont dû recourir les deux quotidiens sont toujours au stade du remboursement. Parallèlement, El Watan a investi dans son site internet pour le rendre attractif et le préparer à s'autonomiser au plan rédactionnel. C'est un des défis du futur immédiat, comme l'est le projet du siège du journal qui, après dix années de galère bureaucratique, s'est finalement concrétisé.
C'est à l'entrée de Kouba qu'a été érigé le chantier. Les travaux dureront deux années encore. Là aussi, il a fallu s'adresser aux banques pour obtenir une partie des financements nécessaires. Toutes ces contraintes financières, passées et en cours, le journal les a affrontées par une rigoureuse gestion de ses revenus. Il s'est fait une règle de ne pas pénaliser la rédaction. Ainsi, la pagination du quotidien a été malgré tout portée à 32 pages durant six années avant de passer, ces derniers temps, à 28 pages. Une édition week-end a vu le jour en 2009, connaissant un succès appréciable dans la lancée des bons résultats du quotidien durant la semaine. Les scores sont régulièrement consignés par l'Office de justification de la publicité (OJD).
A l'échelle nationale a été tissé un réseau dense de correspondants locaux confectionnant des pages locales décentralisées. El Watan sort quotidiennement avec trois éditions, une nationale, les deux autres à l'Est et à l'Ouest. L'investissement consenti est à la mesure de l'ambition d'être présent sur l'ensemble du territoire national.
L'autre grand challenge, enfin, a été de libérer la rédaction de toutes ces contraintes financières traversées par le groupe.
La ligne éditoriale a de tout temps été préservée. En toute liberté, les journalistes ont exercé et exercent leur métier d'informer. Parallèlement, le journal a tenu à gagner un espace de liberté intellectuelle dans le pays en programmant régulièrement des colloques et des débats ouverts au public, où la parole est libre et partagée. C'est tout cela, le deal qu'El Watan tient à partager avec le lecteur.
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Posté Le : 23/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com