Un danger aux aguets

La pudeur caractéristique des Algériens ne doit pas imposer le silence face à un immense danger qui menace le pays. De bouche à oreille, des indiscrétions répétées et des observations font état de fouilles approfondies des élèves à l'entrée des lycées et collèges.A priori choquantes, aussi désagréables qu'elles puissent paraître, elles ne sont pas à prendre à la légère. Si les responsables de l'éducation ont été forcés de prendre de telles mesures, ils avaient de sérieuses raisons pour les entamer. La drogue de différentes natures qui frappe aux portes des écoles menaçant un pan vulnérable de la société est un secret de polichinelle et seule la discrétion réussit difficilement à la mettre en sourdine.
Les services de sécurité ne sont pas en reste et ?uvrent sans relâche contre un fléau dont l'ampleur s'élargit. Mais pour venir à bout du dangereux phénomène, les fouilles à l'entrée des écoles et les contrôles improvisés ne suffiront pas à l'endiguer. Les sources du mal obéissent aux entournures néfastes du temps nouveau tendant à faire basculer toutes les sociétés humaines dans des cultures où la liberté a perdu son sens. Le progrès, la modernité n'ont pas été que des bienfaits. Ils se sont fait aussi accompagner par des instruments et armes qui, non maîtrisés, ont mené à la dégénérescence et à la destruction.
Les générations montantes otages de la dictature des découvertes variées sont les premières prises au piège des révolutions culturelles maintenant établies. La perversité de l'économie avec ses travers et ses déconvenues, le développement exponentiel des outils de communication, la déflagration des familles et la disparition de l'autorité parentale ont fait du virtuel l'essence de la vie. Ce sont d'abord les enfants et les adolescents qui en paient le prix. La drogue, les réseaux sociaux, les nouvelles m?urs imposées offrent malencontreusement des havres pour une vie irréelle avec des repères faussés.
Malgré tout, l'enfance algérienne n'est pas, comme ailleurs, dans un état de décrépitude annoncé. Mais le danger est aux aguets et le silence à propos de ce sujet n'est pas conseillé.