Algérie

Un crime sans châtiment



Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a inauguré, hier, à la place des Martyrs un mémorial en hommage aux déportés vers la Nouvelle-Calédonie. Cette symbolique qui a trait à la période coloniale porte en elle son sens historique et politique des plus clairs quant au traitement et la gestion de «la guerre des mémoires» et le rapport entre l'Algérie, un pays souverain et indépendant et l'ex-puissance coloniale, à savoir la France.Ces oubliés de l'histoire coloniale reviennent avec leur mémoire et leur histoire pour rappeler les sévices et les supplices dont ils étaient victimes par un colonialisme abject et dépouillé d'humanité. C'est aussi un nouveau regard des officiels algériens sur une histoire longtemps traitée d'une manière peu glorieuse et courageuse au vu de la montée des lectures falsificatrices et réductrices de cette période coloniale et son cortège de brimades et massacres et crimes contre l'humanité.
Avec ce retour à l'histoire sur fond d'une relecture sans ambages de cette période ténébreuse, l'Etat algérien reprend le timonier quant à une tranche de vérité historique longtemps escamotée et occultée. En rendant un vibrant hommages aux résistants algériens du soulèvement d'El Mokrani en 1871 et la déportation qui s'en est suivie après avoir été dépossédés de leurs terres et subi les pires des atrocités.
Le mémorial qui vient d'être inauguré par le président Tebboune permettra aux générations actuelles et futures de connaître réellement ce que le colonialisme avait commis comme «oeuvre» contre ses aïeuls et une manière de corriger l'histoire et de se l'approprier pour répondre aux inepties et aux mensonges des pseudos historiens adeptes de la colonisation et ses «prosélytes» excités.
Les déportés de la Nouvelle-Calédonie avaient subi un traitement qui frôle la sauvagerie de la part du colonialisme français, un colonialisme qui se «vantait» de son «oeuvre civilisatrice». les conditions de leur déportation provoquent de l'ire et de l'effroi rien qu'a travers la lecture de leur histoire. C'est un double drame, il s'agit d'un déracinement de quelque 2000 déportés parce qu'ils ont défendu leur terre et leur liberté contre la domination et la colonisation. Mais le drame qui s'est ajouté à leur sort, c'est celui de se retrouver sur une terre qui vient d'être colonisée en mettant les habitants de l'archipel sous la force démesurée de l'armée coloniale.
Les déportés algériens qui ont aussi vécu leur «esclavage» aux côtés des autres bagnards, à savoir les communards de la révolution de la commune de Paris en 1871. cette situation avait aussi montré le visage hideux et raciste du colonialisme qui a considéré les communards comme des prisonniers politiques alors que les résistants algériens de l'insurrection d'El Mokrani ne pouvaient pas accéder à ce statut. Ils étaient maintenus pour longtemps comme étant des prisonniers de droit commun.
À ce propos, le témoignage de l'une des figures de proue de la révolution de la Commune de Paris, Louise Michel, qui elle aussi a été déportée vers la Nouvelle-Calédonie, souligne ainsi: «Un matin, dans les premiers temps de la déportation, nous vîmes arriver dans leurs grands burnous blancs, des Arabes déportés pour s'être, eux aussi, soulevés contre l'oppression. Ces Orientaux, emprisonnés loin de leurs tentes et de leurs troupeaux, étaient simples et bons et d'une grande justice.»
C'est dire que le cliché de «bandits» et de criminels de droit commun n'est l'oeuvre que des tenants du colonialisme pour justifier leurs crimes et se dérober de leur oeuvre abominable.
Les descendants des déportés algériens ne demandent aujourd'hui que de jeter des ponts entre eux et la terre de leurs ancêtres. C'est le seul souhait qui les caresse avec force pour renouer le lien avec la mère patrie et se proposer comme témoins de cette page de l'histoire des plus macabres et abominables


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