Algérie

Un crime d'Etat en attente de reconnaissance officielle



Un crime d'Etat en attente de reconnaissance officielle
Inlassables, les militants du «devoir de vérité et de justice» sur la sanglante répression de la manifestation du 17 Octobre 1961 des Algériens de Paris et de sa région ? contre le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé par le préfet de police, Maurice Papon ?, continuent résolument leur combat pacifique engagé il y a près d'un quart de siècle pour que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité.Nombre de ces combattants de la reconnaissance sont aujourd'hui décédés, comme Jean-Luc Einaudi, auteur de la magistrale enquête, Le 17 octobre 1961. La Bataille de Paris, publiée en octobre 1991 aux éditions Le Seuil ; Mouloud Aounit, ancien président du MRAP ; Jean-Louis Hurst, militant actif de l'indépendance de l'Algérie ; Georges Mattei, témoin de premier plan de la manifestation du 17 Octobre 1961 ou Elie Kagan, à qui l'on doit les photos incontestables du massacre des Algériens par la police parisienne. La commémoration de cet épisode douloureux du passé colonial de la France en Algérie est l'occasion de leur rendre hommage.Si les deux pays affichent leur volonté commune d'orienter davantage leur relation sur le développement économique, comme l'illustre le colloque «Quel avenir industriel commun '» qu'organisera demain l'association France-Algérie à l'Assemblée nationale, cette relation ne saurait se construire durablement en occultant le passé. Certes, il faut tourner la page de ce passé, mais non sans l'avoir complètement écrite. C'est ce que devaient rappeler les intervenants au colloque qui s'est tenu hier au Sénat (sur lequel nous reviendrons dans une prochaine édition), «le 17 Octobre dans tous ses états», organisé par Beur FM en partenariat avec l'Humanité en hommage à Mouloud Aounit, Henri Alleg, Jean-Luc Einaudi, Jean-Louis Hurst et Elie Kagan.Le 17 octobre 2012, le président Hollande rendait hommage aux victimes algériennes en déclarant que «le 17 Octobre 1961, des Algériens, qui manifestaient pour le droit à l'indépendance, ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes». C'est un geste significatif, le premier qu'ait accompli un chef d'Etat français, mais le travail de reconnaissance, de vérité et de justice est loin d'être achevé. «53 ans après, la vérité est en marche.Cependant, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées ? en particulier la Guerre d'Algérie ?, non plus que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elles ont entraînés, comme ce crime d'Etat que constitue le 17 Octobre 1961», rappelle le collectif 17 Octobre 1961, Vérité et justice (regroupant de nombreuses associations, personnalités de la société civile, élus), dans son appel au rassemblement au pont Saint-Michel, hier en fin de journée.Les initiateurs de ce rassemblement, auquel se sont joints des syndicats et les partis politiques de gauche, ont rappelé que le 17 octobre 2012, le président Hollande a certes fait un premier pas important, «mais le terme de crime n'est pas repris (dans la déclaration de François Hollande, ndlr) et la responsabilité, sous-entendue, n'est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd'hui continuer à parler des «bienfaits de la colonisation», à célébrer le Putsch des généraux à Alger contre la République, à «honorer» les criminels de l'OAS».A noter qu'une délégation de parlementaires algériens, membres du groupe d'amitié Algérie-France de l'Assemblée populaire nationale, a été associée et présente pour la première fois aux commémorations, à l'initiative du député socialiste Pouria Amirshahi, représentant les Français à l'étranger (9e circonscription). D'autres manifestations (dépôt de gerbes de fleurs, projection de films, rencontres-débats) ont été programmées en région parisienne et dans plusieurs villes de province, à l'instar de Lyon et sa région, Marseille, Rennes, Saint-Etienne.




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