Algérie

Un coup dur pour Aqmi


Alors que les unités de l'Anp réduisent les dernières poches terroristes à des coquilles à moitié vides, la situation en Libye et au Mali se dégrade davantage. Maintenir la pression militaire tout au long de la bande frontalière devient un défit majeur'l'organisation terroriste que dirige Abdelmalek Droukdel vient de subir un sérieux coup après l'élimination par les forces militaires, non loin de la commune Bordj Tahar, de Jijel, de son «chargé de propagande» Seghiri Adel, plus connu sous le pseudonyme de Hichem Abou Rouaha, et son adjoint Boulfigha Tourki, alias Abderrahim Haroun.
Armés de deux kalachnikovs et d'un fusil à pompe, les deux terroristes ne sont pas des moindres. Natifs, pour le premier de Batna et pour le second de Jijel, ils avaient rejoint les maquis du GIA en 1994, avant de terminer dans le cercle le plus proche de la direction d'Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique), pour se charger de la propagande terroriste, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi des contacts avec les différentes sections et phalanges qui restent encore en activité.
Cette opération est intervenue 48 heures seulement après l'embuscade tendue par les unités de l'Anp à un groupe d'Aqmi, dans la région de Chechar, à Khenchela, et qui s'est soldée, après des heures d'échanges de coups de feu, par la mise hors d'état de nuire de huit terroristes, dont l'émir de la section, Ammar Messadia, connu sous le sobriquet de Zaïd Abdellah.
Né à Batna et activement recherché par les services de sécurité pour son implication dans de nombreux attentats terroristes, il avait rallié les maquis du GIA, puis du GSPC (Groupe salafiste de prédication et du djihad), créé par Hassan Hattab, et enfin d'Aqmi, alors dirigée par Droudkel, auquel il est resté très fidèle. Messadia était accompagné de sept autres terroristes, dont six ont été identifiés, parmi eux Abou Oussama (Adel S.) l'artificier de la phalange, enrôlé depuis 2009.
Les autres acolytes activent au sein de l'organisation depuis 2010 seulement, et l'un d'eux n'est que depuis deux dans leurs rangs. Il s'agit de Abou Al Hassan, Abou Firas, Al Mountasser et Charhabil. Un seul parmi les huit terroristes abattus est encore inconnu des forces de sécurité. Des sources sécuritaires constatent une évolution importante dans la situation puisque la majorité des terroristes abattus ces derniers temps ont rallié les groupes armés au milieu des années 2000.
Plus de 80% des terroristes abattus sont d'anciennes recrues
«Près de 80% des terroristes éliminés en 2017, par exemple, ont été recrutés entre 2000 et 2008. Ce qui prouve que les terroristes ont du mal à étoffer leurs rangs avec de nouveaux membres. Mieux encore, le fait que de plus en plus les anciens terroristes prennent le risque de quitter leur refuge pour diriger des opérations, ou tout simplement se déplacer d'un endroit à un autre», explique notre source.
Et de préciser que «les efforts des unités de l'Anp ont permis de réduire considérablement les mouvements des ?'dernières poches terroristes, qui n'arrivent plus à agir sur le terrain et à chaque fois qu'ils tentent de sortir de leur tanière, ils sont pris au piège». Effectivement, rien que durant le mois de janvier en cours, 13 terroristes ont été abattus, 5 autres se sont rendus et 23 éléments de soutien ont été arrêtés.
Ce qui a permis la destruction de 59 refuges et casemates, ainsi que la récupération 21 kalachnikovs, 10 missiles antipersonnel, 47 bombes et une quantité importante de munitions. Pour l'année 2017 seulement, 91 terroristes ont éliminés, 40 ont été arrêtés et 30 autres se sont rendus aux forces de sécurité, lesquelles ont pu neutraliser quelque 214 éléments de soutien.
Le bilan de la même année fait état de la destruction de 423 casemates, 9 ateliers de fabrication de bombes et la récupération de 678 armes, dont 288 kalachnikovs, 263 fusils, 26 pistolets, 63 pistolets-mitrailleurs, 16 rampes de lance-missiles, 16 canons de fabrication artisanale, 5 mortiers, ainsi que la destruction de 1284 engins explosifs, dont des bombes artisanales, des grenades, des roquettes et des ceintures explosives.
Ces bilans reflètent la mobilisation accrue des forces de sécurité, particulièrement dans les régions montagneuses proches des frontières avec la Tunisie et la Libye, mais aussi au Sud, non loin de la frontière avec le Mali, où les mouvements de résidus des groupes terroristes sont signalés. Certains analystes n'excluent pas un passage éventuel des groupes armés vers la Tunisie ou la Libye, mais cela reste difficile en raison de pression des unités de l'Anp sur le terrain. «Aqmi est aujourd'hui une coquille à moitié vide.
Ce groupe a perdu beaucoup de ses effectifs et le sort de son chef n'est toujours pas connu. Certains disent qu'il est probablement au nord du Mali, d'autres pensent qu'il aurait rejoint la Libye. Cependant, il n'est pas exclu qu'il soit mort. En bref, nous pouvons dire que ce sont les dernières poches du terrorisme qui sont en train d'être neutralisées grâce à la mobilisation des unités de l'Anp qui, dotées de moyens modernes, ont pu sécuriser des étendues assez vastes et difficiles», notent nos interlocuteurs.
Malheureusement, cela n'est pas le cas en Libye et au Mali, pays limitrophes de l'Algérie où la situation est devenue chaotique. Les groupes armés se multiplient, se renforcent, deviennent de plus en plus puissants et s'équipent de moyens de télécommunication de haute technologie, acquis avec l'argent de la drogue, de la contrebande et des rançons, sous les regards des puissances occidentales qui se disputent les richesses. Aussi complexe qu'inquiétante, cette situation met les forces de sécurité algériennes devant un important défit au coût humain et matériel très onéreux?
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