Algérie

Un contentieux et des relents



Un contentieux et des relents
A tout seigneur tout honneur, il fallait bien que la question des frais d'hospitalisation du président Bouteflika fût posée par quelqu'un dans le pays d'accueil. Jean-Jacques Bourdin, l'animateur d'un direct très suivi et redouté des hommes politiques français, chaque matin sur BFM TV, a quelque peu pris au dépourvu, mercredi dernier, la ministre de la Santé à qui il a jeté la question à la figure. Lui, était dans son rôle, celui de porte-voix d'une vox populi friande de ce genre d'interrogation. Elle, en tant que ministre de tutelle de la Sécurité sociale française, ne pouvait se dérober à l'obligation d'y répondre. Jusque-là rien que de très normal. Sauf que Mme Marisol Touraine, sachant d'avance le sujet d'une extrême sensibilité, a préféré botter en touche. Sur le montant et les modalités de paiement de la prise en charge du chef de l'Etat algérien, elle a opté pour l'omission volontaire. Si elle reconnait que «l'Algérie paiera», elle noie néanmoins sa réponse dans un flot de considérations qui peuvent suggérer que notre pays, dans le Vieux contentieux des deux caisses de sécurité sociale, trainerait quelque peu la patte pour régler ce qu'il doit. Et de nous apprendre que les pourparlers, toujours en cours, pourraient se conclure par un accord sur un montant forfaitaire dont aura à s'acquitter l'Algérie. On passera donc sur les détails si chers aux pinailleurs et, le montant étant forfaitaire, cela voudra dire qu'une des deux parties, bon prince, transigera sur ses propres intérêts. Ne préjugeons de rien, car si ce n'est pas tout à fait ce qu'a voulu dire la ministre, c'est une des interprétations qui pourrait être donnée à ses propos. L'Algérie qui a l'habitude de payer rubis sur l'ongle des prestations souvent fortuites à des entreprises étrangères, jouerait-elle subitement les grippe-sous pour honorer les factures de ses citoyens qu'elle envoie se soigner dans les hôpitaux français ' Impensable.La représentante du gouvernement français reconnait l'existence d'un contentieux qui traine en longueur et remonte aux gestions antérieures au retour au pouvoir des socialistes. Elle en connait les causes et aurait gagné en estime à éclairer la lanterne des téléspectateurs qui la suivaient en direct. S'exprimant sur ce sujet à la fin du mois de décembre dernier, le ministre algérien du Travail reconnait l'existence d'un contentieux entre les deux pays. Mais le débiteur ne serait pas celui qu'on croit, selon M. Benmeradi qui cite une créance de 60 millions d'Euros détenue sur la partie française par la Cnas (sécurité sociale algérienne) et correspondant aux frais médicaux des pensionnés (retraités et invalides) algériens des caisses françaises, pris en charge en vertu des conventions liant les Caisses de sécurité sociale des deux pays. Le «montant forfaitaire» évoqué correspondrait-il à un reliquat qui résulterait d'une compensation entre les dettes revendiquées de part et d'autre ' Dans ce cas de figure, le solde risquerait de bénéficier à l'Algérie. Ce qui rendrait plus insupportable encore cette sempiternelle accusation de mauvais payeur, lourde de sous-entendus, ressortie chaque fois que le Président algérien part se soigner en France.Le malheur, c'est que beaucoup de Français, voire également des Algériens, accordent du crédit aux fadaises débitées à intervalle régulier et en des circonstances précises, attribuant à l'Algérie une part de responsabilité dans le déficit abyssal de la Sécurité sociale française. La question ne relevant pas directement de la communication présidentielle, il doit bien se trouver en Algérie une autorité habilitée à rétablir la vérité des faits, y compris en s'adressant directement à l'opinion française. Il y va de l'honneur et du prestige du pays, non ! 'A. S.




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