Algérie

Un constat, des recommandations... et après '


Un constat, des recommandations... et après '
Le commerce extérieur a été au centre d'une conférence nationale organisée la semaine dernière par le ministère du Commerce à Alger. Objectif :dégager des pistes de réflexion, des recommandations et une stratégie susceptibles d'opérer un changement positif dans ce segment d'activité miné depuis des années par la ruse, les trafics en tout genre et l'invasion des produits contrefaits. Le commerce extérieur, ce qui n'est pas nouveau, a été toujours dominé par l'import-import. Une activité dénoncée à maintes reprises par les pouvoirs publics à différents niveaux. Mais face à la faiblesse de l'offre interne, il faut reconnaître que le pays n'a pas d'autre choix que de recourir à l'importation pour assurer ses besoins. Les participants à la conférence nationale n'ont pas mâché leurs mots quant aux proportions dangereuses qu'a pris ce secteur, à commencer par le Premier ministre,M. Abdelmalek Sellal. Le chef de l'Exécutif a tenu à mettre les points sur lesi sur cette catégorie d'opérateurs économiques, dont une partie n'a de soucis que pour les profits générés. Mais l'Etat va sévir et appliquer la loi dans toute sa rigueur, a-t-il promis. Sellal, qui s'est montré ferme envers cette catégorie, a annoncé un train de mesures susceptibles de mettre un frein à de telles pratiques et réduire la facture des importations dont le niveau est devenu insoutenable. Il a proposé dans ce cadre la création d'«une classe d'importateurs et d'exportateurs professionnels» en vue d'identifier et de mieux contrôler cette activité, mais il a annoncé également des mesures qui seront incluses dans la prochaine loi de Finances complémentaire. Les licences d'importation seront ainsi réinstaurées. En un mot, le gouvernement cherche à assainir ce secteur qui a longtemps baigné dans «l'anarchie», selon les termes même de certains membres du gouvernement.Des réformes structurellesMais lutter contre les importations anarchiques demeure insuffisant pour faire face à la hausse effrénée des besoins du pays. D'où la nécessité de revoir tous les mécanismes de soutien à la production nationale et les mesures incitativesqui devraient cibler certaines activités prioritaires. Le pays, confronté ces derniers mois à une baisse drastique de ses recettes en raison d'un marché pétrolier de plus en plus morose, doit intensifier ses efforts en vue de relancer la machine productive locale et booster les exportations hors hydrocarbures. Des exportations qui ne couvrent aujourd'hui qu'une infime partie de nos importations. C'était en fait la principale problématique qui s'est imposée aux participants à la rencontre.Mais pour y répondre il faut rappeler que les capacités industrielles du pays restent encore faibles, se situant à moins de 10% du PIB en dépit des efforts consentis dans certains segments pour accroitre la production locale. Les entreprises algériennes demeurent encore loin des niveaux requis pour dégager de la valeur ajoutée, produire, exporter et offrir au pays des points de croissance. Donc, il s'agit de trouver les voies et moyens adéquatspour relancer cette machine à travers des réformes structurelles, et nonconjoncturelles, qui devraient permettre à l'entreprise de s'ouvrir, s'intégrer et créer de la richesse. Pour le ministre du Commerce, Amara Benyounès, la relance des exportations du pays est conditionnée par un nombre d'impératifs dont la disponibilité d'une offre exportable.Or le pays n'arrive pas encore à enclencher cette dynamique productive tant recherchée. Pourtant, de nombreux secteurs, en dehors des hydrocarbures, sont capables aujourd'hui d'offrir des opportunités certaines pour l'exportation. Letravail devrait être centré, assurent des économistes, sur des secteurs d'activités à fortes valeurs ajoutées et un taux d'intégration élevé. Ils estiment, en outre, que l'amélioration de la compétitivité des entreprises algériennes doit passer par la suppression des lenteurs administratives, l'instauration d'un climat de confiance entre l'entreprise et les pouvoirs publics, la lutte contre les pratiques frauduleuses, l'adoption d'un système déclaratif dans l'investissement et l'implication du monde du savoir et de la recherche dans l'économie. Le budget consacré aujourd'hui à la recherche ne dépasse guère 1%. Les entreprises qui consacrent des budgets à ce secteur se comptent sur les doigts d'une main.Des recommandationsPour les participants à la conférence nationale dédiée au commerce extérieur, d'autres alternatives et mesures devraient être décidées en vue de relancer l'activité économique et arriver à dégager un surplus de production qui serait destiné à l'exportation. Dans ce sens, une série de recommandations a été émise par les différentes parties ayant pris part à la rencontre. Les travaux des différents acteurs, universitaires et responsables intervenants dans le secteur ont conclu ainsi à la nécessité de promouvoir, soutenir et dépénaliser l'acte d'exporter. Ils ont proposé des actions pour lutter contre l'économie informelle qui devrait être ramenée à la légalité à travers une amnistie fiscale. Pour les exportateurs, il a été proposé de rallonger les délaisde rapatriement des revenus des opérations des exportations à 365 jours contre180 jours actuellement, développer de nouveaux instruments de financement des opérations d'exportations et promouvoir la fonction de conseil à l'export au niveau des grandes agences bancaires. Sur le plan réglementaire, les participants ont proposé l'amélioration de l'environnement des affaires, l'instauration d'un climat de confiance entre opérateurs du commerce extérieur et les pouvoirs publics et des mesures d'amélioration de la gouvernance et de la transparence dans les opérations d'importations.Quant à la régulation et la rationalisation des importations, les participants ont recommandé entre autres la professionnalisation du métier d'importateur en n'autorisant l'importation pour la revente en l'état qu'aux opérateurs ayant exercé depuis plus de 3 ans dans la filière et d'instaurer des règles pour le financement des importations des produits destinés à la revente en l'état. Ces recommandations peuvent améliorer le climat général de l'activité économique et permettre aux opérateurs d'évoluer dans un environnement sain.Néanmoins, des observateurs ne cachent guère leurs craintes quant à leur application. Ils estiment que le principal problème qui se pose a trait à l'application des décisions et des différentes mesures d'où lanécessité d'établir un calendrier pour leur mise en œuvre, à défaut elles risquent d'être renvoyées aux calendes grecques.S. B.


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