Soucieuse d'assurer, au mieux, le marketing du projet d'Union pour la Méditerranée (UPM), l'Elysée ne lésine pas sur les moyens. Depuis l'été dernier et la conférence annuelle des ambassadeurs de France, l'entourage de Nicolas Sarkozy multiplie les déclarations tous azimuts. Tantôt sous forme de plaidoyer de l'idée française, tantôt à coups de procès contre le processus Euromed. A près de deux mois de la date prévue du sommet constitutif de l'UPM à Paris, la France se livre à un énième exercice de disqualification du projet de Barcelone. «C'est tout sauf un véritable partenariat», se plaint Henri Guaino, conseiller spécial et «plume» de Nicolas. Jamais un officiel français ne s'était allé jusque-là dans la charge contre le processus Euromed. A l'image de la plupart des pays de la rive sud et certains du Nord, Paris avait admis, à plusieurs reprises, par la voix de l'Elysée et du Quai d'Orsay, les limites avérées du chantier de Barcelone. Mais sans aller jusqu'à lui contester l'ambition proclamée, en novembre 1995, dans la capitale de la Catalogne. La «Déclaration de Barcelone» se voulait, sans ambages, comme un engagement pour un «partenariat» entre les deux rives. Dans les bureaux de l'Elysée, Henri Guaino joue le premier rôle dans la mise en oeuvre du projet d'Union pour la Méditerranée. C'est lui qui, pour les besoins d'un discours de campagne, en a vendu l'idée à Sarkozy, alors qu'il n'était que candidat à la succession de Chirac. C'était en février 2006 à Toulon. Défendant, sur la chaîne France 24, le bilan annuel de Sarkozy à l'épreuve de l'Elysée, la «plume du Président» n'a pas fait dans la mesure diplomatique. Du processus de Barcelone que l'ensemble des membres de l'Union européenne -Espagne et Allemagne en tête- défendent avec détermination, il a usé d'un ton de verdict. Si le processus Euromed n'a pas tenu toutes les promesses attendues par ses initiateurs, c'est, dit-il sans prendre de gants, à cause d'une «erreur de départ très importante». Barcelone était «une grande idée, celle de faire en sorte que l'Europe se retourne, à nouveau, un peu plus, vers le Sud et vers la Méditerrané». Or, objecte le conseiller spécial de l'Elysée, le chantier a été mis en oeuvre avec «les modalités du dialogue Nord-Sud qui prévaut depuis la décolonisation». Que recèle le dialogue Nord-Sud de si mal pour nourrir, à ce point, les critiques du voisin de bureau de Nicolas Sarkozy? C'est «en réalité» un dialogue inégal «entre les riches et les pauvres, les puissants et les faibles, les dominants et les dominés. C'est un dialogue extrêmement déséquilibré. Ce dialogue déséquilibré ne peut pas déboucher sur quelque chose de très positif». Perçue de la sorte, cette forme de dialogue ne pouvait que peser négativement sur l'évolution du processus Euromed. «Dans Barcelone, les choses sont très simples: l'Europe décide de tout. La Commission européenne propose les projets, décide des règles du jeu, finance (...), les pays du Sud subissent ce qu'au fond les pays du Nord décident». De surcroît, le chantier mis en branle sur la rive méditerranéenne de l'Espagne est un «système dans lequel les pays du Nord consentent à aider les pays du Sud. C'est tout, sauf un véritable partenariat». Depuis son annonce officielle, au seuil du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le projet d'UPM n'a pas fait des contents du côté de la rive nord, bien au contraire. Les officiels allemands -Chancelière Angela Merkel-l'avaient fait savoir bruyamment durant des mois. Il aura fallu un compromis à l'arraché entre Paris et Berlin, suivi d'une déclaration solennelle des deux chefs d'Etat pour que la polémique s'éteigne. L'Elysée s'est-elle résignée, la mort dans l'âme, à revoir la copie initiale comme l'affirment les correspondants de la presse européenne à Bruxelles? Le projet n'a subi aucune révision «à la baisse», assure Henri Guaino. Â «Pour simplifier les choses et ne pas entrer dans des débats compliqués, c'était de se dire: on va faire à côté de Barcelone cette union entre les pays riverains de la Méditerranée». Le débat croisé entre Français d'un côté et Européens de l'autre, a permis d'arracher des concessions de part et d'autre, mais sans remettre en cause, de fond en comble, l'idée sarkozyste. A en croire l'argumentaire du conseiller spécial de l'Elysée, Paris a accepté d'élargir l'UPM aux pays de l'UE non riverains de la Méditerranée «en échange» de deux conditions. La première porte sur la «refondation» de l'esprit de Barcelone, dès lors que les Européens s'y attachent. La seconde limite la co-présidence de l'Union aux seuls pays riverains. «Ce ne serait plus la commission qui prendrait toute les responsabilités. C'est donc un nouveau mode de fonctionnement fondé sur cette égalité de droit, de devoir et de responsabilité».
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Posté Le : 11/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : L'un De Nos Correspondants A Paris: S Raouf
Source : www.lequotidien-oran.com