Algérie

Un complexe pris en otage Guerre de repositionnement dans le syndicat d'entreprise


A El Hadjar, les échéances pour le renouvellement des structures du syndicat d'entreprise ArcelorMittal ont vite fait d'engendrer grèves, affrontements syndico-syndical, interdictions d'accès au complexe, suspension d'une quinzaine de travailleurs et même évacuations manu militari et plaintes auprès de la justice sur fond de guéguerre partisane.
Cela n'est pas sans impact sur le complexe sidérurgique : l'entreprise prise en otage depuis près de 8 mois compte 66 jours de perturbation dont 31 jours d'arrêt du haut fourneau n°2 qui au fil des actions de contestation s'est mu en véritable goulot d'étranglement pour toute la chaîne de production. Et ce n'est pas près de s'arrêter.
C'est au mois de mai que le relatif apaisement social fut troublé. En cause, deux échéances électorales. L'une politique en rapport avec le mandat législatif et la seconde syndicale en rapport avec le renouvellement des structures syndicales. Le fait est que l'ancien secrétaire général du syndicat d'entreprise, Aïssa Menadi, a émis le souhait de reprendre ses fonctions, sous l'impulsion, dit-il, des sollicitations des travailleurs.
Toutefois, les responsables syndicaux actuels mettent en doute ses propos, s'appuyant notamment sur l'incapacité de l'ancien SG à mobiliser les gens. Ils considèrent d'ailleurs que le «mandat de député de l'ancien syndicaliste impliqué dans diverses affaires douteuses arrivant à terme, celui-ci a tenté de mettre à profit l'échéance du renouvellement des structures pour se repositionner à tout prix». D'autant plus que l'homme fort du syndicat, Smaïl Kouadria, lui-même en course pour un mandat législatif sous la bannière du Parti des travailleurs, laissait des structures syndicales intérimaires chargées de formaliser le passage de témoin à la nouvelle équipe.
Un intermède dont Menadi a essayé de tirer avantage, dès le 17 mai. Selon Abderrezak Kedaya, vice-président du syndicat d'entreprise, l'ex-député s'est introduit dans le complexe justifiant la nécessité de déposer son dossier de mise à la retraite pour tenter de mobiliser des travailleurs. Menadi s'appuie sur un certain nombre d'arguments pour mobiliser au sein du complexe. Il s'agit de la gestion du fonds social par les structures syndicales en place, des recrutements ainsi que de la menace d'un nouveau plan social avec son lot de licenciements qui pèseraient sur le complexe sidérurgique. Des arguments qui ont d'abord motivé l'arrêt intempestif du haut fourneau n°2 dès la fin du mois de mai avec pour principale revendication la dissolution de la structure syndicale alors en place. Les deux mois qui suivirent furent marqués par des tentatives de coup de force ponctuées par une grève de la faim, des interdictions d'accès au complexe pour les contestataires et les travailleurs suspendus, et même de la fermeture du complexe par ces derniers aidés, selon les syndicalistes, par des personnes externes à l'entreprise. Ce qui n'a pas manqué d'engendrer des confrontations parfois musclées nécessitant par deux fois l'intervention des forces de l'ordre. Le dernier coup de force en date est celui de l'arrêt pour 3 jours du haut fourneau n°2.
Intérêts économiques et politiques
Les travailleurs de l'unité demandaient, entre autres, la réintégration de leurs collègues suspendus ainsi que des revendications socioprofessionnelles, à l'image «de primes de risques spécifiques au haut fourneau». La réintégration semble être la principale revendication des soutiens de Menadi et qui motive régulièrement les grèves intempestives au sein du complexe. Une revendication que le syndicat d'entreprise ne peut, pour l'heure, prendre en charge.
A ce propos, le porte-parole du syndicat, Kyas Sebti, a affirmé qu'il est difficile de demander la réintégration des travailleurs suspendus tant que leur dossier demeure entre les mains de la justice et que celle-ci n'a pas statué. Et de préciser qu'aussi bien la gestion du fonds social que la question de la réintégration des travailleurs ne sont que des alibis pour semer la zizanie à l'intérieur du complexe au profit de gros intérêts. Le syndicaliste estime, à ce propos, que le plan d'investissement à venir attise les appétits. Au-delà de la guerre de positions, M. Kyas dit craindre de voir les trafics en tous genres, notamment celui de la ferraille, reprendre comme du temps de Menadi. Il n'exclut pas l'influence du lobby des importateurs. Preuve en est, Aïssa Menadi bénéficierait, selon lui, d'appuis aussi bien au niveau de l'union de wilaya UGTA que de grands pontes de la région, notamment d'un élu de la région.
Il est d'ailleurs difficile de ne pas voir dans les propos du syndicaliste l'empreinte du conflit ayant opposé récemment le Parti des travailleurs au FND. Conflit qui s'est même invité au sein de l'hémicycle.
Entre interférences politiques, gros intérêts économiques, guerre de repositionnements, c'est tout le complexe sidérurgique qui est pris en otage ! En 2012, ce sont pas moins de 66 jours de perturbation et 31 jours d'arrêt qui ont lourdement grevé la production du complexe. Et ce n'est pas près de s'arrêter. La plainte au pénal contre ceux qui avaient causé de graves perturbations vient d'être classée sans suite. Cela promet de nouveaux incidents'
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