Algérie

UN COMPLEXE ET DES GROUPES



Dans la bataille qui se déroule autour du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, le géant mondial vient d'opérer un semblant de retraite en sacrifiant la direction de sa filiale algérienne. C'est la seule explication possible aux rocambolesques péripéties qui se sont déroulées ces dernières 48 heures à l'ombre des hauts-fourneaux.
Vincent Le Gouïc, DG d'ArcelorMittal, a beau avoir une marge de man'uvre importante, on l'imagine très mal faire les actes des procédures pour signifier la cessation de paiement de l'entreprise sans en avoir informé préalablement le «centre». Or, la maison mère fait mine de tout ignorer et se permet même de démentir des déclarations sans équivoque faites par le DG d'ArcelorMittal Annaba au sujet de ladite cessation de paiement. Il ne faut pas trop se couper les cheveux en quatre.
Le géant mondial s'offre une issue de secours dans une affaire qui a commencé à énerver tout le monde et chacun contre l'autre. Le syndicat contre la BEA et le gouvernement, ce dernier contre le syndicat et la direction d'ArcelorMittal et le syndicat. Et singulièrement, le groupe Sider, partenaire d'ArcelorMittal, brillait par son silence. A moins qu'il ne considère que du moment que le Premier ministre parle, son intervention est superflue.
Techniquement, c'est une affaire entre une entreprise et une banque qui a toute latitude d'apprécier son intérêt à accorder un crédit et de demander des garanties à cet effet. Un syndicat, même s'il peut légitimement s'inquiéter du sort des travailleurs, n'a pas à interférer sur le sujet en tançant la banque. Or, c'est de manière étonnante ce qui est arrivé entre le syndicat et la Banque extérieure d'Algérie. Il aura donc fallu une montée au créneau du Premier ministre pour dire aux syndicalistes qu'ils sont en train de mélanger les genres, tout en assurant que tout sera fait pour maintenir le complexe en activité. Mais l'épisode devrait donner à réfléchir aux syndicalistes et singulièrement à ceux d'El-Hadjar.
En tout état de cause, cette étonnante partie de bras de fer commence à se décanter. Le géant mondial a fait son choix : démentir ce que sa direction à Annaba a bel et bien fait et s'offrir une porte de sortie. La direction d'ArcelorMittal Annaba passe peut-être un mauvais quart d'heure, mais l'intérêt du groupe passe bien avant l'amour-propre des dirigeants…, lesquels peuvent avoir d'autres compensations. Or, dans un contexte de crise, la filiale algérienne d'ArcelorMittal présente l'avantage d'avoir l'assurance d'un grand marché où toute la production se vend. Qu'un prêt de la BEA dont une partie va payer une dette auprès de la Société Générale puisse buter sur une question de garanties paraît particulièrement étonnant s'agissant du géant mondial.
Le gouvernement algérien, qui n'a aucun intérêt non plus à l'arrêt du complexe, a montré des signes d'agacement, apparemment parfaitement bien reçus par ArcelorMittal. En affirmant «son engagement en Algérie» et sa conviction qu'une «solution prochaine sera trouvée aux négociations en cours», il rouvre la porte. Quitte à le faire d'une manière quelque peu tordue, en chargeant de fait la direction d'ArcelorMittal Annaba. Cela peut s'appeler de la réactivité.


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