Algérie

Un commerce sévèrement impacté



Les restaurants de la capitale offrent l'image de lieux désespérément vides au deuxième jour de l'application des nouvelles dispositions destinées à limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19, qui signifient que « les cafés, restaurants et fast-foods limitent leurs activités uniquement à la vente à emporter et sont également soumis à l'obligation de fermeture à partir de 15 heures ».Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Les mesures anti-Covid se durcissent pour ces lieux conçus pour servir à table des repas chauds, et habituellement connus par le mouvement de la clientèle et du personnel à l'intérieur. Un tour, hier, à Alger, du côté des restaurants connus pour accueillir chaque beaucoup de monde, et ouverts à une clientèle composée de différentes catégories. À deux pas de l'hôpital Mustapha-Pacha, un restaurant habitué à accueillir une clientèle composée essentiellement de visiteurs de malades, chôme carrément. L'inactivité du commerce est perceptible de loin, pour un restaurant qui d'habitude grouille de monde, notamment à la mi-journée. Le gérant, forcé à s'adapter à la nouvelle mesure, a dû libérer tout son personnel et n'en garder qu'un seul travailleur, selon son affirmation.
Rencontré à l'entrée, il nous fait savoir que la nouvelle instruction est synonyme de faillite. « Non seulement on est obligé de vider la salle mais aussi on est sommé de baisser le rideau à 15h », déclare-t-il. « C'est comme si on nous disait rentrez chez vous », lâche-t-il.
Même son de cloche du côté de deux grands restaurants d'Alger-Centre non loin de la rue Didouche-Mourad. Ces deux commerces sont connus pour une clientèle fidèle composée essentiellement de fonctionnaires des administrations environnantes pour les repas de midi. Hier, à midi sonnant, les lieux étaient bien nettoyés, et debout, les seules personnes rencontrées étaient le gérant et deux restaurateurs. Le restaurant n'est pas fermé, mais le patron est prié d'interdire l'accès de la clientèle à l'intérieur de l'établissement et de servir des repas à emporter. Ces restaurants ne sont pas appelés à se transformer en fast-foods, mais à servir des repas dans des boîtes d'emballage. « Nous ne servons pas uniquement les sandwichs mais aussi les plats habituels en boîtes », c'est l'alternative que nous explique le gérant. « Depuis hier, au premier jour de l'application de la nouvelle mesure décidée par le gouvernement, nous ne recevons pratiquement plus personne », nous fait-il savoir mais sans laisser paraître les signes de lamentation car il croit fermement à la reprise de l'activité dans les prochains jours. Son voisin présente le même cas de figure, mais ce dernier a décidé de ne garder qu'un seul travailleur. « Maintenir tout le personnel est une charge insoutenable car le chiffre d'affaires est sérieusement impacté », nous confie-t-il, car il redoute que cette mesure anti-Covid ne se prolonge longtemps.
Parmi les commerces les plus impactés, qui, en temps normal, accueillent un grand monde à midi parmi les adeptes du poisson, ils chôment eux aussi. « Avec cette psychose qui s'est installée en cette fin de semaine, nos clients ont presque tous disparu », nous fait savoir Ahmed, un gérant d'un restaurant de poisson prisé à Sidi-M'hamed.
Habituellement, la salle devient exiguë à midi, de par le nombre de la clientèle composée de fidèles. Il est vrai que le plus gros des clients est composé d'habitués des lieux, et le patron nous l'affirme bien. Mais pour lui, « servir un plat de poisson à emporter n'est pas dans les habitudes des consommateurs », nous fait-il savoir, et c'est ce qui dissuade les clients. En témoigne la salle archi-vide, où seuls le gérant et deux serveurs discutent autour d'une table garnie de boîtes pour plats à emporter.
Sur les mêmes lieux, un poissonnier d'un restaurant mitoyen qui laisse échapper l'odeur de sardine exprime à son tour les mêmes sentiments. Il avoue que les clients ne sont pas seulement moins nombreux qu'en temps normal, mais ils ne viennent plus depuis hier.
Du reste, ce qui est à retenir de la visite des restaurants visités, c'est qu'aucune note de désespoir n'est à relever malgré le climat de « faillite » qui prévaut, mais les gérants, dans leur ensemble, émettent le souhait de la reprise imminente. Et ils y croient fermement.
A. B.


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