La fetla, cette riche broderie algérienne, s'est déclinée sous toutes ses facettes, samedi dernier, à l'hôtel l'Emir de Chéraga, à Alger.
Passionné du détail et de la perfection, le styliste Aziz Zerari a offert à ses nombreux convives un somptueux défilé de haute couture à la mesure des attentes. En préambule de cet après-midi, l'assistance, triée sur le volet, a pu s'enivrer dans un premier temps de magnifiques morceaux musicaux d'une formation bonnoise, spécialisée dans le chant des Aïssaoua. Après que certains corps se soient déhanchés au rythme de cette musique endiablée, place au défilé, un défilé qui, dès le départ, s'est caractérisé par des tenues rivalisant de finesse, de broderies et de pierres scintillantes. En effet, les mannequins pas très professionnels, mais pas tout à fait amateurs, ont fait admirer la sublime garde-robe automne hiver 2011-2012 du styliste Aziz Zerari.
Les 96 modèles présentés ont suscité émerveillement et youyous. La première partie du défilé de mode a dévoilé des karakos et des djabadouris portés sur des serouals style Aladin ou encore seroual m'douar. Les djabadouris de Zerari se distinguent par des cols montants et double épaulette, inspirés de la cour de Russie. Le styliste s'est inspiré également des casaques du Caucase. La deuxième partie du show s'est déclinée en une variété de gandouras aux découpes époustouflantes, aux accessoires rarissimes et aux bijoux simples. Le caftan algérien, dans toute sa splendeur, s'est donné à voir au cours du troisième volet du défilé, caftans fastueux aux couleurs bigarrées et aux broderies nobles. Le styliste s'est, cette fois-ci, inspiré du caftan de cérémonie de Annaba la «faemla» qui est un caftan d'apparat que seule la mariée porte. La coupe du bas de ce caftan a subi une légère transformation pour le rendre portable par d'autres personnes autres que la mariée. L'artiste a pris le soin de préserver au maximum sa coupe et sa forme originale en ne manquant pas de le broder entièrement à la fetla.
Ces différents caftans sont généralement portés sur des serouals algérois. «J'ai voulu faire renaître de ses cendres le caftan algérois. J'espère que ce costume ne disparaîtra plus. Je viens de rajouter encore un vêtement traditionnel à la tenue algérienne», explique-t-il en toute modestie. Le clou de ce défilé a été, sans conteste, ce caftan long aux calligraphies brodées à la fetla. Un véritable travail d'orfèvre effectué sur cette pièce unique en son genre. Le caftan de la mariée avec ses manches en tulle a été également un autre modèle qui a ravi la majorité des convives. Avec sa forme évasée, travaillée à la fetla et incrustée de pierres schwarsky et de nakchi, il rappelle certes la robe de mariée occidentale, mais avec un cachet bien algérien. Pour les besoins de cette collection, qui a demandé plus d'une année de travail et 42 brodeuses, Aziz Zerari a utilisé des tissus divers dont, entres autres, de la soie sauvage de la moire, du taffetas et du satin opium. Aziz Zerari est un styliste qui accorde une attention particulière à la recherche. Il a, d'ailleurs, percé le mystère des entrelacs de cette broderie raffinée au fil d'or qu'est la fetla.
Le fruit de toutes ses recherches sera la publication d'un beau livre sur la fetla et d'un second ouvrage sur les splendeurs et le déclin d'El Andalous. Homme ambitieux et nullement avare en conseils, Zerari révèle qu'un projet d'ouverture d'un centre de formation de fetla est actuellement en cours de réalisation, avec l'étroite collaboration de la wilaya d'El Tarf, d'une capacité d'accueil de 100 à 200 élèves. Zerari entend bien livrer certains secrets de cette broderie aux jeunes intéressés. Pour rappel, Aziz Zerari est né le 31 décembre 1951 à Annaba. Il fait des études de lettres puis enseigne l'espagnol à la Faculté des lettres de l'université d'Alger. Il détient un doctorat en littérature hispano-arabe de l'université de Bruxelles et de l'université autonome de Madrid. Sans hésitation aucune, il bifurque vers la couture, une passion qui l'a toujours habité, cette passion dévorante pour la broderie le pousse à s'inscrire par la suite à l'Ecole de arts et des métiers de Bruxelles. Il en ressort avec un diplôme en stylisme et haute couture dames. Aziz Zerari a prouvé, avec son dernier défilé de mode, que ses créations recherchées lui permettront de se hisser toujours un peu plus sur la scène nationale et mondiale de la haute couture.
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Posté Le : 29/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nacima Chabani
Source : www.elwatan.com