Algérie

Un cocon d'amour et de tendresse



Un cocon d'amour et de tendresse
Dans une des chambres de la pouponnière de l'AAEFAB, Hamida, berceuse, est en train d'allaiter un bébé. Après le rot, Nassim est couché sur le côté droit et bien couvert. Il fait un peu frais en cette matinée du mois de décembre. Même si les chauffages sont allumés à plein gaz, le froid est mordant. Hamida doit répéter cette action pour les trois autres nourrissons, dont elle a la charge jusqu'à 13 heures. Son travail commence à 7 heures. Une autre équipe prend le relais de 13 heures à 19 heures et une troisième équipe de 19 heures jusqu'au lendemain à 7 heures. Elles sont au total 18 nurses, une employée pour les travaux domestiques, une cuisinière, deux lingères, une directrice et un médecin généraliste permanent. Actuellement, dans cette pouponnière, ils sont 17 bébés âgés entre 0 et trois mois et 7 enfants handicapés âgés entre 6 mois et 6 ans. Ils présentent des pathologies lourdes telles que les maladies neurologiques, la craniosténose, le spina-bifida avec hydrocéphalie et la cécité congénitale, entre autres. La directrice, Mme Lila Oulhadj, veille au bon déroulement des différentes tâches que doit assumer quotidiennement le personnel. Entre jouer à la maman, s'occuper du dossier administratif de la Kafala, accueillir les couples qui veulent adopter, sa mission n'est pas de tout repos.Les enfants sont nés pour être heureuxC'est son amour pour ces petits êtres et sa formation de puéricultrice qui l'a amenée à occuper ce poste. La responsabilité est lourde vu le caractère particulier de ce travail qui exige, outre un professionnalisme, une conscience et un amour infini pour ces anges que le ciel a envoyé. « Ils n'ont pas demandé à être là, mais ils sont là, et il faut s'en occuper, et bien », paroles d'une directrice qui ne badine pas avec le règlement et la mémoire du regretté Temi Tidafi. Ce dernier avait adopté deux garçons Malik et Karim. Dans un témoignage, il racontait : « Nous avons adopté le premier qui nous avait adopté en nous souriant, en nous tendant les bras ». Economiste de formation, rien ne le prédestinait à ouvrir la pouponnière de Palm Beach pour s'occuper des enfants abandonnés. Malgré moult problèmes et embûches qui se sont dressés devant son projet ô combien noble, avec quelques amis qui ont cru en lui, il a pu fonder l'AAEFAB et milité pour la concordance des noms (kafil et mekfoul). M. Tidafi, qui ne fait plus partie de ce monde depuis le 20 novembre 2009 doit être heureux là où il est. Le travail au sein de la pouponnière se fait normalement. Mme Benabdallah, vice-présidente de l'AAEFAB, pour un deuxième mandat, peut rassurer Tidafi qu'il peut dormir tranquille. Beaucoup de couples stériles qui ont adopté des enfants et beaucoup de « mekfoul » lui doivent beaucoup. Et pour cause, à chaque intervention, il disait que « l'enfant est né pour être heureux et, pour être heureux, il lui faut la chaleur familiale ». Donc l'AAEFAB répondait à ce cri émanant du c'ur. Dans cette pouponnière qui s'étale sur 1000 mètres carrés, les bébés sont traités avec la méthode picklerienne. C'est une pédiatre hongroise ? Dr Emmi Pikler ? qui a développé une approche qui consiste à parler au nourrisson comme un adulte. « Il comprend tout même si ses facultés ne lui permettent pas de communiquer », indiquera Mme Oulhadj. Cette méthode vise à l'autonomie de l'enfant par la parole et le jeu. Donc, dès que le nourrisson est admis dans la pouponnière, on lui dit qu'il sera entouré, pris en charge médicalement, nourri par une berceuse qui n'est pas sa maman. En outre, les 18 nurses se relayent autour de lui pour qu'il ne s'attache pas à une seule. Le jour où une famille l'adopte, on le prépare en lui disant qu'il va vivre dans un nouveau foyer mais pas avec ses parents biologiques, mais un autre couple qui veut connaître la joie d'être parents. Tandis que la période de familiarisation avec sa nouvelle famille dure quatre à cinq jours avant qu'il n'étrenne sa nouvelle vie. Les parents sont nombreux à postuler pour l'adoption. Les critères sont strictes, dira Mme Benabdallah. D'abord, il faut exprimer le désir d'avoir un enfant, avoir un toit, un revenu mensuel stable, une bonne santé, la nationalité algérienne, et ne pas avoir d'antécédents judiciaires. Peu importe si le couple désirant adopter est stérile ou ayant des enfants. Une fois l'enfant placé en adoption, le lien n'est pas coupé avec le personnel de l'AAEFAB. Le « cordon ombilical » est toujours maintenu dans l'intérêt de l'enfant et de la famille adoptive. Ainsi le contact est constant en cas de survenue de problème. L'exemple d'un bébé, dont le handicap d'origine neurologique a été découvert après son adoption est flagrant. Les parents se sont désistés car ne pouvant prendre en charge cette lourde pathologie. Sinon, la première dent qui pointe, le premier mot exprimé, les premiers pas, la circoncision, le premier jour de l'école sont autant de joie que les parents adoptifs partagent avec le personnel de la pouponnière. Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Sans accabler la maman qui a été contrainte d'abandonner son enfant pour des raisons qui nous échappent, les parents adoptifs trouvent une source de bonheur d'élever un ange en lui donnant l'affection, la tendresse et l'amour comme si c'était un être de leur chair et de leur sang. Ne dit-on pas que les liens affectueux sont inébranlables, que ce soit entre amis ou entre les enfants et les parents.




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