Algérie

Un cirque électoral



Un cirque électoral
Moi, l'analphabète en politique, à qui on a régulièrement essayé de faire croire que les urnes changeraient les choses, le monde, que le vote serait le seul moyen pour résister à la Théorie du complot, ou de contrer la Conspiration ; moi, ce petit gars, qui vis dans un pays démocratique, où le mot Démocratie rime souvent avec «Dictature du parti unique», moi, qui pour la première fois, ai eu la chance de suivre de près deux élections, les dernières législatives et les dernières municipales, je voudrais donner mon avis.
A mesure que la campagne électorale avançait, je réalisais que je ne pouvais pas être ce jeune qui n'a d'autres réactions que de dire «tonton, moi je ne m'occupe pas de politique !» J'ai donc progressivement changé d'attitude et de disposions. C'était le résultat d'un constat inévitable, la campagne dite électorale ne me paraissait pas normale, c'est-à-dire avec des candidats normaux ou avec des partis qui se battent pour des projets bien précis, des buts ou des propositions dignes de ce nom. Le spectacle était celui de passe-partout, de politiciens sans conscience politique, des chanteurs, des footballeurs, des petits bourgeois, des islamistes et autres opposants de pacotille. Tous ont en commun d'avoir à la bouche un seul mot, la démocratie, comme si tout le reste, avec ce mot magique, allait de soi, l'économie, la culture, les salaires, la sécurité sociale. Mon cœur battait pour une équipe de Démocrates, qui ne cesseront pourtant de me surprendre, tout au long de ce cirque. Tantôt, ils arrivent dans la salle où est prévu un meeting avec des bus remplis de spectateurs, des gens qu'on a déplacés avec le candidat d'une région à une autre, pour boire des mots, et ensuite repartir le lendemain encore vers une autre localité pour réécouter le même discours. Le plus souvent, l'entrée est réservée aux seuls invités, des membres de la famille du candidat, ou des sympathisants notoires, qui partagent à peu près tout, intérêts, statuts sociaux, vision du présent et du futur. Impossible dans ce cas, si on n'a pas de connaissance, de parler avec les candidats, leur poser des questions élémentaires du type : c'est quoi la politique pour vous, monsieur ' Le Parlement, c'est quoi ' Le code de la famille représente quoi pour vous ' C'est alors que j'ai préféré suivre la campagne à la télévision. Le résultat sera pire, avec ces têtes scotchées sur les feuilles qui contiennent des discours écrits par d'autres, pour dire des banalités, des inepties ou des choses même pas fausses. J'ai vu ainsi défiler des candidats de toutes couleurs, de toutes tendances, sans fond ni consistance, sans charme ni énergie : des gens de droite qui défendent des idées de gauche, des gens de gauche avec une vision islamiste, des intégristes modérés, il ne manquait de voir que des communistes impérialistes. En somme, un tableau triste qui nous rappelle tristement à la réalité de la pratique politique dans notre pays. J'ai alors décidé de ne pas voter, de ne pas participer à un sketch qui est hélas loin d'être drôle. Résultat des courses, c'est mon parti, celui des non-votants, celui des Algériens qui refusent le spectacle en politique et la politique du spectacle, qui a gagné. Place à la vraie politique !


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