Algérie

Un cinéma ou des films '



C'est un essai fortement documenté qu'il a présenté, samedi dernier, à la librairie Kalimat à Alger. Il tente, avec beaucoup de prudence et d'objectivité, de démêler l'écheveau et restituer la place de choix que le grand écran noir a toujours occupé en Algérie ou à l'étranger. « Dans l'esprit de cette majorité de cinéastes, il est peut-être inconcevable de regrouper des films épars sous le seul label du cinéma algérien, surtout en l'absence d'une industrie cinématographique et d'une activité pérenne du 7e art en Algérie », observe-t-il dans l'introduction de l'ouvrage. Il évoque un « sentiment d'échec non assumé » et « une lecture nihiliste » d'une filmographie. Cette dernière revendique pourtant un passé, une culture et surtout un savoir-faire reconnu dans le monde. Loin de partager cette sentence, Abdelkrim Tazaroute invite à revisiter le lustre d'une histoire cinématographique née dans les maquis de l'Armée de libération nationale (ALN). « Il suffit, soutient l'auteur, de faire défiler la bobine de la filmographie algérienne, des premiers bouts de film aux reportages et documentaires des cinéastes de la Révolution (...) aux films produits durant les premières années de l'Indépendance (...) aux productions les plus récentes à la thématique pourtant très diversifiée pour se rendre compte (...) que l'on peut aisément apporter la preuve que les films des cinéastes algériens peuvent être classés sous le nom générique de cinéma algérien. »Un constat critiqueC'est dans cet esprit que l'écrivain, grand cinéphile et acteur dynamique dans le secteur place son dernier ouvrage qui se veut « un plus pour la filmographie algérienne qu'il revisite, un hommage aux cinéastes et comédiens qui ont contribué à créer le cinéma algérien, à le rendre visible et à le promouvoir, voire l'inscrire au panthéon de l'histoire du cinéma mondial avec la Palme d'Or décrochée en 1975 au Festival de Cannes par Chroniques des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina ». Une dizaine de grandes figures y sont évoquées dans des notices bibliographiques didactiques et riches en informations. On y trouve Rouiched, Abderrahmane Bouguermouh, Aïcha Adjouri, Mohamed Bouamari, Rachid Farès, Djamel Eddine Chanderli. Autant de têtes d'affiche dont le talent taillerait en pièces le fallacieux argumentaire des sceptiques. Aux polémiques stériles et aux discours désespérants, l'auteur de « Guerouabi ou le triomphe du chaâbi » oppose une quarantaine de longs métrages, anciens ou récents , à l'instar de « La Voie » de Slim Riadh, « Omar Gatlato » de Allouache, « La Maison jaune » de Amor Hakkar, « Mascarades » et « El Wahrani » de Lyes Salem, « Yema » de Djamila Sahraoui ou encore « Le Puits » de Lotfi Bouchouchi... Néanmoins, très réaliste, Tazaroute dresse aussi un constat critique sur la situation du cinéma. Il impute la « cassure » aux années noires du terrorisme. Non sans mettre le doigt sur les principaux obstacles empêchant son essor : la distribution et la diffusion. L'auteur déplore enfin l'absence d'un public initié et une promotion médiatique qu'il juge très faible.« C'est un livre-repère, notamment pour les nouvelles générations dépourvues d'une culture cinématographique, du moins concernant l'Algérie », explique-t-il. Plusieurs années de labeur et de travail documentaire ont présidé à la publication de cet essai, précieux à plus d'un titre.


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