Algérie

Un choix et des interrogations


Après près de deux mois d'absence pour cause d'hospitalisation après sa contamination par le nouveau coronavirus, le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a réapparu, avant-hier, depuis son lieu de convalescence en Allemagne.Le modus operandi choisi par le président Tebboune pour "rassurer" les Algériens sur son état de santé rompt, curieusement, avec le modèle jusque-là usité par les hauts responsables pour s'adresser à la nation, à savoir les médias officiels, notamment la télévision publique.
En effet, Abdelmadjid Tebboune a choisi les réseaux sociaux pour communiquer. C'est sur son compte Twitter qu'il a posté trois vidéos dans lesquelles il a évoqué son état de santé et quelques aspects de la vie politique et économique nationale. Fait pour le moins inédit pour un système dont la communication n'est pas souvent son fort.
Cependant, le procédé choisi laisse, toutefois, dubitatif plus d'un parmi les observateurs, lesquels s'interrogent sur les raisons de ce subit penchant vers les réseaux sociaux, ou plutôt sur "l'exclusion" de l'Unique dans cette opération. Habituellement, l'ENTV s'illustre de la primeur sur des faits de cette nature et, parfois, sur une actualité de moindre importance.
Or, cette fois, elle a subi, comme toute la presse nationale d'ailleurs, cette sortie, somme toute, inattendue du chef de l'Etat. Pourquoi le chef de l'Etat a-t-il recouru à ce canal ' Pourquoi a-t-il opté pour un effet de surprise pour couper court aux rumeurs sur son état de santé '
Autant d'interrogations sur un mode opératoire inédit. Pour Aïssa Merah, professeur de communication à l'Université de Béjaïa, le choix du président Tebboune ne relève pas "de l'improvisation ou de l'amateurisme", mais "plutôt d'une intervention réfléchie et voulue". "Le post vidéo sur Twitter constitue une double surprise", a expliqué
M. Merah, précisant que l'effet surprise est, d'abord, dans l'apparition même du chef de l'Etat et une autre, "plus curieuse", elle, concerne "le choix du réseau social".
"L'absence de l'annonce préalable par les circuits institutionnels ? Présidence et gouvernement ? et relais médias publics, médias parapublics, dits privés, et partis politiques constitue, selon Aïssa Merah, cet aspect curieux du procédé du chef de l'Etat."
Aïssa Merah ajoute, à ce propos, que "contrairement à la tradition, aucune information d'une telle importance, notamment en ces circonstances nationale et internationale, n'échappe à la canalisation et à la préparation de l'opinion", rappelant que "des événements de moindre enjeu étaient habituellement beaucoup plus médiatisés", ce qui donne, estime M. Merah, "une idée de la gestion de l'information présidentielle et institutionnelle".
Sur le volet politique, le professeur de communication a estimé que la sortie du chef de l'Etat n'est surtout pas fortuite. Ainsi, il a expliqué que l'objectif recherché ne se résume pas uniquement à "rassurer" les Algériens sur ses capacités physiques à assumer ses responsabilités présidentielles, mais "c'est un message sibyllin à tous ceux qui, à l'intérieur comme à l'extérieur du système, songeraient à préparer son remplacement".

Mohamed MOULOUDJ
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