Un chercheur de «Sciences-Po» l?affirme «C?est le sentiment anti-immigré qui a fait élire Sarkozy»

Contrairement aux différentes analyses, faites ici et là, les recherches de Vincent Tiberj, chercheur à Sciences-Po, estiment que Sarkozy a été élu principalement par la peur de l?étranger qui prend de plus en plus d?ampleur en France. Dans un livre qui vient de paraître, à Paris, aux éditions Plon, «La Crispation hexagonale», il soutient que «c?est le sentiment anti-immigré qui a fait gagner l?élection à Nicolas Sarkozy. Dans une interview au quotidien gratuit «20 minutes», cet universitaire souligne qu?il y a une crispation hexagonale depuis le 11 septembre 2001.«Depuis, il y a une suspicion généralisée sur l?Islam, les immigrés. Cela traduit les clivages gauche-droite», affirme-t-il. Le chercheur à «Sciences-Po» rappelle que la presse française a traité les émeutes de 2005 en parlant d?islam, d?immigration et d?intégration. Ainsi le mot islam a été cinq fois plus utilisé que le mot délinquance.«Nicolas Sarkozy a utilisé ce phénomène», fait remarquer Vincent Tiberj. Ce dernier révèle que les émeutes de 2005 ont fait bondir de 18 % le sentiment qu?il y a trop d?immigrés en France. Vincent Tiberj rappelle également que Sarokzy a réanimé plus tard ce sentiment, en parlant de mouton égorgé ou de ministère de l?immigration et de l?identité nationale. Pour ce jeune universitaire, Sarkozy a, de cette façon, rallié les indécis (30 % de l?électorat) qui l?ont rejoint parce qu?il incarne l?ordre. Le chercheur de «Sciences-Po» réussit ainsi à décrédibiliser les théories et les analyses qui plaidaient pour le projet économique de Sarkozy. «Le terrain économique et social n?est pas favorable à Sarkozy. Quinze jours avant son élection, 20 % de l?électorat était favorable à la réforme du contrat de travail, 77 % était pour le smic à 1.500 euros», dit-il. En ce qui concerne les difficultés actuelles du président français, Vincent Tiberj pense qu?il y a un malentendu entre les Français et Sarkozy. «Sarkozy savait que les attentes de l?électorat ne lui convenaient pas, il a su changer ses préoccupations. Avec les interpellations de Villiers-le-Bel ou les tests ADN, il continue», affirme-t-il.