Algérie

Un chemin d'embûches familier aux Etats-Unis



Un chemin d'embûches familier aux Etats-Unis
Les nouveaux rebelles syriens recrutés par les Etats-Unis étaient censés démontrer que Washington pouvait former des combattants modérés pour lutter contre les jihadistes de ce pays ravagé par la guerre.Mais peu après leur retour en Syrie, ces combattants soutenus par l'Amérique ont livré plus d'un quart de leurs munitions et d'autres équipements au Front al-Nosra, un groupe affilié à Al Qaîda. Cet aveu surprenant du Pentagone illustre l'étendue de la complexité du conflit syrien mais met aussi en lumière le bilan en dents de scie de la formation, par les Etats-Unis, de rebelles à l'étranger. «Le bilan des succès et des échecs (de la formation de rebelles à l'étranger, Ndlr) est au mieux inégal. Beaucoup d'échecs, pas beaucoup de victoires», affirme Stephen Biddle, professeur à l'université de George Washington, qui a écrit un projet de rapport sur ces missions. «C'est très improbable que ce programme de formation-équipement (des rebelles syriens) fonctionne», estime-t-il. L'administration Obama a dévoilé en janvier un programme de formation des rebelles syriens de 500 millions de dollars, dans lequel des candidats dûment contrôlés promettent de combattre le groupe EI. Mais ses débuts ont été désastreux. En juillet, le premier groupe à avoir été formé a été attaqué par Al-Nosra. Un de ses membres aurait été tué, un autre capturé. Et le Pentagone ne sait pas très bien ce qu'il est advenu des 18 autres. Et jeudi, l'influent sénateur John McCain a affirmé que les premières frappes de la Russie en Syrie avaient touché des rebelles formés par la CIA. Contrairement au Pentagone, l'agence reste muette sur ses propres opérations en Syrie, dont le bilan n'est pas connu. Le Pentagone a reconnu cette semaine que le programme de formation des rebelles syriens était partiellement suspendu, aucune recrue n'arrivant en Turquie ou en Jordanie. Et le président Barack Obama a avoué lui-même vendredi que le programme était à la peine. «Je suis le premier à reconnaître qu'il n'a pas fonctionné comme il aurait dû», a-t-il déclaré, en expliquant que les rebelles ne voulaient pas seulement combattre les jihadistes de l'EI. «La réponse qu'on reçoit c'est comment pouvons-nous nous concentrer sur l'EI quand chaque jour ils reçoivent des barils d'explosifs et des frappes du régime» syrien', a-t-il expliqué. Les formateurs misent pourtant sur les succès remportés avec les Kurdes dans l'est du pays, et le porte-parole du Pentagone Jeff Davis continue de croire que les Etats-Unis ont «besoin d'une force locale syrienne au sol avec laquelle (ils) peuvent travailler». Le précédent le plus connu de formation de rebelles est celui mené par les Etats-Unis dans les années 1980 auprès des moudjahidin afghans contre les forces soviétiques. Ce programme était plus important que celui de la Syrie et il a contribué au retrait de l'Union soviétique. Mais des observateurs affirment que certains combattants sont allés former les taliban ou ont rejoint Al Qaîda, et que les Etats-Unis en paient toujours le prix. En Irak, l'aide à la reconstitution d'une armée irakienne a partiellement réussi mais il a aussi grandement échoué quand ses forces locales se sont effondrées sous le joug du groupe EI l'an dernier. De même que les milliards de dollars versés pour former des soldats afghans ont généré une armée qui peine encore à contenir les taliban. Ces derniers sont d'ailleurs parvenus cette semaine à s'emparer de la ville de Kunduz. M.Biddle note aussi que les 7 milliards d'aide américaine à l'armée pakistanaise n'ont pas généré de victoire contre les insurgés. Obama avait confié l'an dernier au magazine New Yorker avoir demandé à la CIA d'analyser les exemples réussis de financement et de fourniture d'armes aux rebellions. Mais «ils n'ont pas pu m'en donner beaucoup», a reconnu le président.




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