Algérie

«Un charivari car il n'y a pas de chef»



«Un charivari car il n'y a pas de chef»
Pour faire face à la chute des recettes pétrolières, le gouvernement ne sait pas trop quoi faire afin de réajuster sa politique économique. S'il a entériné l'idée de recourir à une loi de finances complémentaire, il ne sait pas trop quelle devra en être l'ampleur. C'est en tout cas l'impression qui se dégage de la cacophonie qui a suivi l'annonce faite par le Premier ministre Abdelmalek Sellal.Si ses services se sont empressés de publier, sur le portail de la chefferie du gouvernement, la dépêche de l'APS qui reprenait les propos tenus à l'ouverture des Assises du commerce extérieur, le ministre des Finances a jeté le trouble, jeudi à l'Assemblée populaire nationale, en avouant que si, effectivement, une loi de finances complémentaire était dans les cartons, le gouvernement n'avait pas encore décidé des mesures à prendre ni quels secteurs devraient subir ce nouveau tour de vis. «Aucune décision n'a été prise pour le moment», a avoué Mohamed Djellab en réponse à des députés.Pour le député de l'Alliance verte, Youcef Khababa, cette absence de cohésion au sein du gouvernement est le résultat du choix des personnalités qui forment l'équipe Sellal. Le député rappelle que certains ministres ne doivent leur nomination qu'à l'intervention de lobbies et groupes d'intérêt qui choisissent des hommes qui leur sont proches pour se garantir un accès direct aux marchés rentables. «Ce gouvernement a enchaîné les déclarations contradictoires, rappelle Youcef Khababa.Rappelez-vous celles de Mohamed Djellab au sujet de la nécessité de revoir la gratuité des soins ; il a été désavoué quelques jours plus tard par le ministre de tutelle. Même chose pour le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, qui avait annoncé que le gouvernement étudiait la possibilité de revenir à la règle des 51/49% avant de faire machine arrière.» «C'est un charivari dû à l'absence de chef d'orchestre», juge Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, en référence à l'absence du président de la République qui ne gère plus les affaires du pays depuis qu'il a des problèmes de santé.Selon lui, le gouvernement ne sait pas quoi faire ni quels secteurs sont touchés. «Ils sont coincés, résume Soufiane Djilali. Face aux subventions outrancières accordées par le pouvoir depuis des années, ils sont aujourd'hui contraints de serrer la ceinture et se demandent comment le faire.»D'autant que l'après-Bouteflika est dans toutes les têtes et que le Premier ministre ne veut pas servir de fusible ni se griller en prévision de la prochaine présidentielle. Comme le résume le leader de Jil Jadid : «C'est une situation où chacun pense d'abord à ne pas être éclaboussé si la situation du pays devenait incontrôlable. Chacun d'entre eux tente de se couvrir politiquement.»Pour faire bonne figure, Abdelmalek Sellal avait, lors des Assises du commerce extérieur tenues à Alger, balisé le terrain en annonçant une réduction des importations. Pour lui, il devenait impératif de «rationaliser coûte que coûte et vaille que vaille nos importations». Mais les partis de l'opposition doutent de la capacité du Premier ministre à imposer cette solution.«Quand des pans entiers de l'économie sont entre les mains de lobbies, les déclarations du Premier ministre ont peu de chances d'être appliquées», juge Youcef Khababa, qui rappelle que si rien n'est fait pour réduire le rythme des importations, le Fonds de régulation des recettes ne tiendra que quatre ans, si les dépenses et le déficit budgétaire se poursuivent au même rythme.




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