Algérie

Un chantier à... reconstruire



"Le logement social, contrairement à sa destination réelle, est devenu un moyen de spéculation financière. Cela explique toutes les malversations constatées autour de ce créneau et qui toucheront certainement d'autres formules de logement", déplore Abdelhamid Boudaoud, président du collège des experts architectes (Cnea).La 23e édition du Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics (Batimatec 2021) coorganisée par la société Batimatec Expo et la Société algérienne des foires et exportations (Safex) se tiendra du 7 au 11 novembre 2021, au Palais des expositions des Pins-Maritimes (Alger). Le salon s'étendra cette année sur une superficie de 30 000 m2 et verra la participation de plus de 700 exposants dont 200 sociétés étrangères en provenance essentiellement de Turquie, d'Italie, d'Espagne, du Portugal, de France. Cette manifestation économique devrait accueillir, selon un communiqué des organisateurs, quelque 200 000 visiteurs et permettre aux professionnels de nouer des contacts, d'établir des relations d'affaires pour concrétiser d'éventuels contrats de partenariat.
Cette édition intervient dans un contexte particulier marqué par une double crise économique et sanitaire à laquelle fait face le pays. La thématique choisie s'inscrit d'ailleurs en droite ligne de la feuille de route du gouvernement qui aspire à une véritable relance économique et une redynamisation de tous les secteurs d'activité dont la construction et les travaux publics qui constituent une véritable locomotive de développement.
En effet, "quand le bâtiment va, tout va", dit l'adage. Or, dans notre pays, ce secteur demeure un éternel... chantier qui peine à évoluer. Près de 60 ans après l'indépendance, l'on parle encore de crise du logement en Algérie. "Il est paradoxal de parler de crise du logement et d'initier de nouveaux programmes d'habitat sachant que des millions de logements qui ont nécessité des budgets colossaux ne sont pas occupés et inachevés à ce jour", relève Hamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes (Cnea).
Des millions de logements inoccupés et inachevés
Le logement social, contrairement à sa destination réelle est devenu, indique-t-il, "un moyen de spéculation financière. Cela explique toutes les malversations constatées autour de ce créneau et qui toucheront certainement d'autres formules de logement". D'où la nécessité de définir des normes rigoureuses d'affectation en fonction de la composition de chaque famille et du nombre d'enfants, estime cet architecte. "Il ne suffit pas de construire du neuf, mais d'en assurer régulièrement l'entretien et la maintenance. Car tout logement ou équipement a une durée de vie et est sujet périodiquement à une usure qu'il y a lieu de minimiser dans le cadre d'un programme concret de suivi et de réhabilitation. D'où la nécessité absolue de doter chaque bâtiment d'un carnet de santé". Chaque commune, suggère M. Boudaoud, doit se doter de tous les instruments d'urbanisme prévus par la législation et la réglementation en vigueur afin qu'elle puisse effectuer des recensements détaillés de ces réserves foncières, bâtisses inachevées, ou non conformes ainsi que les logements inoccupés. Avec ces outils l'APC sera en mesure, souligne notre source, de faire un bilan exhaustif quant aux constructions anarchiques et inachevées édifiées sur son territoire tel que le stipule la loi 08-15, promulguée il y a 12 ans.
L'autre problématique soulevée par le président du Cnea, a trait à l'instabilité des responsables en charge du secteur. "Plus de 30 ministres se sont succédé à la tête du département de l'Habitat entre avril 1977 et septembre 2019", affirme-t-il. Il reste convaincu que ce problème a engendré une absence de stratégie à long terme. "Ce qui explique la qualité médiocre qui caractérise les logements réceptionnés de nos jours. Les maîtres d'ouvrage ont tendance à retenir des bureaux d'études (BET) et des entreprises sur des bases subjectives telles que le critère du moins-disant", déplore Hamid Boudaoud. Il est important de préciser, soutient-il, que l'élaboration des cahiers des charges n'est pas le résultat du travail des professionnels mais il est rédigé par de simples administratifs qui, souvent, ne sont pas imprégnés du terrain.

B. K.


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