«Il n'y a rien. Ce n'est que de la rumeur». C'est ce que disait Noureddine Cherouati, désormais
ex-PDG de Sonatrach, la veille d'un limogeage annoncé
depuis des mois et devenu insistant depuis une semaine. Il faut croire qu'on ne
quitte pas facilement Sonatrach.
Cherouati estimait peut-être qu'il avait encore des chances de conserver son poste
en montant au créneau pour dénoncer des «intérêts» qui auraient été dérangés
par sa gestion. «Pour que ces rumeurs reviennent, cela veut dire que ce que Sonatrach est en train de faire peut déranger certaines
habitudes... certaines pratiques...» a-t-il déclaré à des journaux. Sa montée
au créneau a peut-être hâté l'annonce d'une décision tenue pour certaine à
l'intérieur même de Sonatrach. Jeudi, Cherouati à l'offensive faisait la «une» des journaux. A
midi, son limogeage était confirmé et officialisé. Avec une passation de
consigne effectuée le jour même. Et une belle photo «de mains unies» autour du
ministre Youcef Yousfi, entre
le partant, Nourredine Cherouati
et Abdelhamid Zerguine, l'entrant,
qui avait aussi été très justement pressenti par la rumeur. Fin de partie pour Cherouati qui d'une certaine manière fait partie de
«l'héritage» de Chakib Khelil
et était, de facto, un PDG de «transition» depuis sa nomination en mai 2010. Il
restait les formes à respecter. M.Yousfi a rendu un
«hommage appuyé» à Cherouati pour les efforts
inlassables «qu'il a déployés depuis qu'il a pris ses fonctions dans des
conditions difficiles» et le félicitant d'avoir «réussi à fédérer les énergies
et à rétablir la confiance à une entreprise qui doutait d'elle-même». «Nous
avons appris à travailler ensemble, même si moi-même je ne suis pas de
composition facile et agréable», a déclaré le ministre à M.Cherouati.
ZERGUINE A LA TETE D'UNE
ENTREPRISE CONVALESCENTE
Sur le fond, M.Yousfi n'avait plus envie de
travailler avec Cherouati depuis des mois. Il avait
demandé au président de la République de mettre fin à ses fonctions. Un signal
clair avait été envoyé en juin dernier : en allant à la réunion de l'Opep à Vienne, M.Yousfi a omis de
mettre Cherouati dans la délégation. Que reprochait-on
à Cherouati ? Hormis le fait d'avoir été désigné de
«temps de Khelil», des sources au sein de
l'entreprise disent que contrairement à l'éloge diplomatique de M.Yousfi, M.Cherouati a justement
été incapable de «fédérer» des énergies tétanisées par les scandales. Le style
«cassant» de Cherouati aurait été contre-productif
dans une entreprise qui avait besoin de retrouver la stabilité et la sérénité. Constat
implicitement confirmé par le ministre qui a indiqué la «ligne» au moment de
l'installation d'Abdelhamid Zerguine
que Sonatrach avait besoin de fédérer les efforts. «C'est
de notre capacité à travailler ensemble, à rassembler nos forces, à unir nos
efforts, dont dépendra notre succès. Nous ne pouvons réussir si nous ne
travaillons pas ensemble et si nous ne réunissons pas nos compétences» a-t-il
déclaré. Traduite en termes clairs : il faut rassurer des cadres, enclins à ne
plus agir pour ne pas faire de fautes, afin de relancer la machine.
Car, il ne faut pas l'oublier, les scandales et les démêlés judiciaires
du haut management de l'entreprise ont créé un sentiment de sécurité qui a un
impact sur le fonctionnement de Sonatrach.
DENI DE PROBLEMES ?
Abdelhamid Zerguine, 61 ans, en homme de la maison, devrait
essayer de stabiliser les choses. Il assurait jusque-là, la présidence de Samco, filiale de Sonatrach et de
l'italien ENI, chargée de la commercialisation du gaz dont le siège est à
Lugano en Suisse. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité dans le
secteur, notamment DG de l'entreprise de génie civil et du bâtiment (ENGCB), vice-président
de Sonatrach chargé de l'activité transport des
hydrocarbures (TRC), et directeur exécutif chargé des activités internationales
de la Sonatrach. La première déclaration de Zerguine à l'APS, reproduit comme son prédécesseur, une
forme de déni des problèmes. Tout en assurant que Sonatrach
connaît un «degré de surveillance de son activité assez élaboré», il affirme, comme
ses prédécesseurs que «Sonatrach n'a pas été ébranlée
par ce que vous appelez (la presse) des scandales. Sonatrach
est bien plus forte, c'est un groupe qui compte 160.000 travailleurs et qui
regroupe 100 sociétés et filiales. C'est malheureux, ces soubresauts concernent
uniquement la gestion de quelques dirigeants. Le groupe n'a jamais été affecté,
je rejette donc cette affirmation, en témoigne les résultats obtenus même
durant cette période (de crise) qui sont honorables par rapport aux objectifs
fixés».
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Posté Le : 19/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com